Dans un contexte où les actualités politiques RDC sont marquées par des tensions sécuritaires et des négociations internationales, une voix s’élève pour recentrer le débat sur les fondements de la stabilité nationale. Patrick NKANGA Bekonda, Rapporteur du Bureau Politique du PPRD, livre une analyse percutante qui interroge les priorités stratégiques du pays.
Alors que Kinshasa multiplie les accords externes – de Doha à Washington –, le cadre du Pacte Républicain Interne s’impose comme un impératif catégorique. « Ces processus externes sont importants, mais les dynamiques internes doivent être prioritaires », assène-t-il, dans une critique voilée de la diplomatie spectacle. Une position qui résonne comme un avertissement face aux mirages des solutions importées.
Le parallèle avec la Libye ou l’Afghanistan, cités en exemple des dérives liées à la malédiction des ressources, frappe par son audace. Les richesses du sous-sol congolais, souvent au cœur des analyses politiques RDC, y sont décrites comme une épée de Damoclès. « Force et faiblesse » selon NKANGA, qui y voit le terreau potentiel d’une instabilité chronique sans mécanismes de régulation internes robustes.
Les cinq piliers du Pacte proposés dessinent une feuille de route exigeante : respect constitutionnel absolu, primat du texte fondamental sur les individus, sanctuarisation des principes d’État, décentralisation effective et vision stratégique claire. Derrière ces concepts se profile un constat sans concession : l’architecture institutionnelle congolaise souffrirait d’un déficit de crédibilité opérationnelle.
La référence à l’application effective de la décentralisation interpelle. Dans des régions comme le Kasaï ou le Katanga, où les actualités locales RDC révèlent souvent des tensions centre-périphérie, cette proposition prend une résonance particulière. NKANGA semble ici tacler l’écart entre les textes et leur mise en œuvre, talon d’Achille récurrent de la gouvernance congolaise.
Mais ces propositions résisteront-elles à l’épreuve des réalités politiques ? L’appel à « ne jamais altérer les principes constitutionnels fondamentaux » contraste avec les pratiques observées lors des récentes crises institutionnelles. Une question rhétorique qui plane sur l’ensemble du discours : ce pacte républicain peut-il réellement transcender les calculs partisans et les intérêts personnels ?
L’analyse de NKANGA trouve son acmé dans un plaidoyer pour l’introspection nationale. « Montrer notre maturité en réglant efficacement nos problèmes internes » : cette formule lapidaire sonne comme un reproche à la classe politique, accusée implicitement de externaliser les solutions. Un message qui pourrait fissurer les certitudes de ceux qui misent exclusivement sur la médiation internationale pour résoudre les crises de l’Est.
Ce positionnement intervient à un moment charnière pour les nouvelles congolaises, entre préparatifs électoraux et regain de violences à l’Est. Le Pacte Républicain Interne se présente ainsi moins comme une option que comme une condition sine qua non pour éviter que le Congo ne devienne « l’hôpital qui néglige ses propres blessures tout en courtisant les médecins étrangers ».
Reste à savoir si cette initiative survivra au cycle médiatique. Entre les beaux principes énoncés et leur traduction concrète dans le marbre législatif et les pratiques gouvernementales, le chemin semble semé d’embûches. La balle est désormais dans le camp des institutions congolaises : sauront-elles transformer ce diagnostic lucide en remèdes efficaces ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: linterview.cd