Alors que les dernières nouvelles en RDC font état d’une trêve fragile dans le Nord-Kivu, les salles de classe du territoire de Masisi peinent à retrouver leur vitalité. Une semaine après la reprise partielle des activités scolaires, enseignants et élèves tentent de naviguer entre traumatismes persistants et précarité matérielle. Comment reconstruire l’avenir lorsque chaque explosion résonne encore dans les mémoires ?
Une reprise scolaire sous le signe du trauma
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans certaines écoles de Masisi, seuls 50% des effectifs habituels ont repris le chemin des bancs. « Les enfants sursautent au moindre bruit », confie Claudine, enseignante dont le témoignage illustre les défis psychologiques. Entre élèves arrivant le ventre vide et cahiers remplacés par des ardoises de fortune, l’éducation devient un acte de résistance quotidien.
La double peine des acteurs éducatifs
Derrière cette crise scolaire se cache un drame humain moins visible : celui des enseignants. « Comment motiver les élèves quand on n’a pas mangé depuis deux jours ? », interroge une institutrice, révélant l’impensable dilemme entre survie personnelle et mission pédagogique. Les établissements fonctionnent grâce à des stratagèmes de débrouille – endettement pour la craie, partage des manuels – tandis que les salaires stagnent.
Nord-Kivu : l’école otage des combats
La récente escalade vers Nyabiondo vient rappeler la volatilité de la situation sécuritaire. Malgré les accords de Doha et Washington, chaque crépitement d’armes provoque une nouvelle vague d’absentéisme. « Les parents préfèrent garder leurs enfants près d’eux », explique un directeur d’école, soulignant le cercle vicieux : insécurité alimentaire → déscolarisation → appauvrissement communautaire.
Quelles solutions pour demain ?
Face à cette crise multidimensionnelle – sécuritaire, psychologique et matérielle – les acteurs locaux lancent un appel à l’aide d’urgence. La priorité ? Un soutien psychosocial pour les élèves et la régularisation des salaires enseignants. Mais au-delà de l’assistance immédiate, c’est toute la question de la protection des écoles en zones de conflit qui se pose, alors que la RDC peine à appliquer les engagements internationaux sur l’éducation en situation d’urgence.
Entre actualités politiques en RDC et réalité du terrain, le fossé semble béant. Alors que Kinshasa annonce des avancées diplomatiques, à Masisi, le bruit des tirs couvre encore les leçons de grammaire. Une contradiction cruelle qui interroge la capacité du pays à préserver son capital humain malgré les cycles de violence récurrents.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net