Casablanca, Maroc – Lors du Forum Crans Montana, tenu du 24 au 26 avril, la République Démocratique du Congo (RDC) a déployé une offensive de séduction à l’égard des investisseurs internationaux. Porte-voix de cette stratégie, Daniel Mukoko Samba, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, a martelé un message clair : « La RDC est une terre d’opportunités, prête à garantir un climat des affaires sécurisé et compétitif. » Une promesse appuyée par l’engagement personnel du président Félix-Antoine Tshisekedi, décrit comme le « pilote ultime » des réformes économiques en cours.
Pourquoi la RDC suscite-t-elle un intérêt croissant parmi les investisseurs internationaux ? La réponse réside dans sa diversification économique, longtemps éclipsée par le secteur minier. Le Sud-Ubangi, par exemple, renaît grâce à la relance de la production d’huile de palme, de cacao et de café. « Ces produits sont désormais transformés localement, même partiellement, créant ainsi une chaîne de valeur additionnelle », a souligné Mukoko Samba. Une évolution qui réduit la dépendance aux exportations brutes et stimule l’emploi local.
Le ministre a également insisté sur le rôle géostratégique du pays, qualifié de « couloir énergétique » entre l’Est et l’Ouest du continent. Un atout qui, combiné à un potentiel agricole sous-exploité – 80 millions d’hectares de terres arables –, positionne la RDC comme un futur grenier de l’Afrique. Mais cette transformation dépend d’un facteur clé : la paix dans le Grand-Kivu. « Sans stabilité, aucune exploitation rationnelle des ressources n’est possible », a-t-il averti, appelant la communauté internationale à soutenir les efforts de pacification.
Sur le front des réformes, le gouvernement affiche une volonté tangible. En mars 2024, le président Tshisekedi a présidé une évaluation en personne des progrès sur l’amélioration du climat des affaires. Des mesures concrètes, comme la simplification des procédures administratives et la lutte contre la corruption, seraient en voie d’implémentation. « Le Chef de l’État exige des résultats mesurables d’ici fin 2025 », a confié une source ministérielle sous couvert d’anonymat.
Reste que les défis persistent. Si le secteur minier demeure un moteur – contribuant à près de 30 % du PIB –, sa dépendance aux fluctuations des cours mondiaux expose l’économie à des risques systémiques. D’où l’urgence de diversifier. L’agriculture, qui emploie 70 % de la population active mais ne génère que 20 % du PIB, incarne ce paradoxe. La relance annoncée dans le Sud-Ubangi pourrait inverser cette tendance, à condition que les investissements suivent.
En filigrane, une question cruciale se dessine : la RDC parviendra-t-elle à transformer son potentiel en prospérité partagée ? Pour Mukoko Samba, la réponse est dans « l’alliance entre capitaux étrangers et savoir-faire local ». Les secteurs des infrastructures, des énergies renouvelables et de l’agro-industrie sont priorisés. Un discours qui trouve écho auprès des investisseurs présents à Casablanca, mais qui nécessitera des actes concrets pour convertir l’espoir en résultats durables.
En conclusion, la RDC semble à un carrefour. Entre héritage minier et renaissance agricole, entre instabilité régionale et quête de crédibilité économique, son avenir dépendra de sa capacité à concilier résilience interne et coopération internationale. Comme l’a symbolisé ce forum, le pays mise sur un nouveau récit : celui d’une « économie-phénix », prête à renaître de ses cendres grâce à une gouvernance audacieuse et un partenariat équilibré avec le secteur privé.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
