Le ciel en furie a transformé Bukama en scène de désolation. En une soirée, des trombes d’eau ont balayé le territoire du Haut-Lomami, réduisant des quartiers entiers à l’état de gravats. Bilan : des dizaines de familles jetées à la rue, des infrastructures vitales anéanties, et une société civile locale qui crie à l’aide face à l’indifférence générale.
Ce vendredi maudit, vers 17 heures, un déluge tropical s’est abattu sans préavis. « Des vents violents ont arraché les toitures comme des feuilles mortes », témoigne Augustin Monga, coordonnateur de la société civile locale. Les centres de santé ? Décapités. Les salles de classe ? Éventrées. Les habitations ? Réduites à des squelettes de briques. Comment une région déjà fragilisée peut-elle absorber un tel choc ?
Derrière les chiffres bruts – écoles détruites, dispensaires paralysés – se cache une réalité plus crue. Des familles entières dorment à ciel ouvert, prisonnières d’une saison des pluies impitoyable. « Nos stocks de médicaments sont perdus, les maternités transformées en marécages », alerte un agent sanitaire sous couvert d’anonymat. Une situation qui rappelle douloureusement les défis chroniques de la santé RDC.
Ce drame n’est pourtant pas un coup du sort isolé. Le Haut-Lomami cumule les alertes : en juillet 2023, la prolifération d’hippopotames près de Malemba Nkulu paralysait déjà l’accès aux secours. Aujourd’hui, même scénario d’abandon : pas de kits d’urgence déployés, pas de centres d’hébergement d’urgence activés. La protection civile RDC serait-elle devenue un mirage ?
Les conséquences dépassent le simple désastre matériel. Avec trois écoles partiellement effondrées, c’est une génération entière qui risque la déscolarisation. Les centres de santé endommagés menacent de relancer des épidémies dans une région où le choléra rode toujours. Et pendant ce temps, les eaux stagnantes deviennent des nids à moustiques… Une bombe sanitaire à retardement.
Face à cette urgence multiforme, la société civile locale sonne l’alarme. « Nous en appelons à la solidarité nationale et internationale », insiste Augustin Monga, la voix nouée d’émotion. Mais dans les faits, l’aide tarde à se concrétiser. Où sont les stocks gouvernementaux de tentes et de vivres ? Pourquoi les mécanismes d’urgence provinciaux restent-ils muets ?
Cette catastrophe pose une question cruciale : jusqu’à quand les territoires congolais resteront-ils vulnérables aux caprices du climat ? Alors que Kinshasa actualités parle de modernisation, Bukama illustre l’impensable : en 2024, une simple pluie peut encore rayer de la carte des villages entiers. Un constat accablant pour les actualités locales RDC.
La résilience des sinistrés force pourtant l’admiration. Avec des moyens de bord, ils tentent de colmater les brèches. Mais sans renforts extérieurs, leurs efforts ressemblent à un baroud d’honneur. La balle est désormais dans le camp des autorités et des ONG : évacuation sanitaire d’urgence, reconstruction anticyclonique, kits d’hygiène… La liste des besoins est connue. Il ne manque que la volonté d’agir.
Ce drame de Bukama doit servir d’électrochoc. Alors que la RDC mise sur son développement économique, peut-elle se permettre d’ignorer ses territoires ruraux ? La réponse se lit dans les yeux des enfants serrant contre eux leurs manuels scolaires détrempés. Sans action rapide, cette catastrophe naturelle pourrait bien se muer en crise humanitaire durable.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net