Dans un revirement aussi soudain qu’inattendu, le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni, a réécrit ce week-end le scénario des relations régionales. Ses déclarations enflammées sur X, anciennement Twitter, interviennent à peine quelques heures après la signature de la déclaration des principes entre Kinshasa et Kigali, sous médiation américaine. Une coïncidence calendaire qui interroge sur les véritables enjeux de cette prise de parole.
« Mon grand frère, S.E. Félix Tshisekedi, est Président de la RDC et je le soutiendrai autant que possible. » Ces mots, postés le 26 avril 2025 par le chef des forces terrestres ougandaises, ont fait l’effet d’une grenade dégoupillée dans l’arène des Actualités politiques RDC. L’homme qui défrayait régulièrement la chronique par ses provocations à l’égard de Kinshasa opère ici une mue spectaculaire. Faut-il y voir un alignement tactique sur la nouvelle dynamique diplomatique impulsée par Washington ?
Plus intrigante encore apparaît sa sortie contre Joseph Kabila : « Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir Président de la RDC ! Vous pouvez oublier ça. » Un avertissement sans détour qui semble anticiper les rumeurs de recomposition politique congolaise. En brandissant ce veto extra-territorial, le général Museveni junior s’immisce-t-il dans la souveraineté électorale congolaise ? La question mérite d’être posée, tant la frontière entre solidarité affichée et ingérence déguisée paraît ténue.
Mais c’est sans doute sa mise en garde martiale qui retient l’attention des observateurs des Actualités régionales RDC : « Si du sang ougandais est versé de manière injuste n’importe où sur cette terre, l’UPDF vengera ce sang. » Une rhétorique guerrière qui rappelle étrangement les justifications passées des incursions de Kampala en Ituri. Ce langage de feu, à contre-courant du processus de détente régionale, jette une ombre sur les récents progrès diplomatiques.
Comment interpréter ce télescopage entre soutien affiché à Tshisekedi et menaces voilées ? Certains analystes y décèlent une tentative de positionnement en chef d’orchestre régional, à l’approche de la succession présidentielle ougandaise de 2026. D’autres y voient un calcul visant à amoindrir l’influence rwandaise dans le dossier congolais, au moment où Kigali multiplie les gestes d’apaisement.
Reste que cette prise de parole intervient dans un contexte sécuritaire explosif. Alors que les groupes armés sèment toujours la terreur dans l’Est de la RDC, le soutien public d’un poids lourd militaire régional au président congolais pourrait-il modifier l’équation sécuritaire ? La réponse se niche peut-être dans les coulisses de la récente médiation américaine. Washington aurait-il joué les entremetteurs entre Kinshasa et Kampala ?
Sur le plan intérieur congolais, cette déclaration tombe à pic pour Tshisekedi, fragilisé par la persistance des conflits armés. En se parant du soutien inattendu d’un ancien détracteur, le chef de l’État congolais pourrait y trouver un argument face à ses critiques. Mais jusqu’où peut-il s’appuyer sur ce soutien sans s’aliéner une opinion publique encore meurtrie par les ingérences étrangères ?
La balle est désormais dans le camp de la diplomatie congolaise. Saura-t-elle transformer cette déclaration en levier pour consolider la souveraineté nationale ? Ou assiste-t-on au prélude d’une nouvelle forme de partenariat sécuritaire régional ? Les prochains jours, à la lumière des réactions officielles de Kinshasa et Kampala, apporteront des éléments de réponse cruciaux pour les Analyses politiques RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net