Dans une époque où chaque clic peut propager une fausse nouvelle à la vitesse de la lumière, comment protéger les citoyens des dérives du numérique ? La réponse semble prendre forme à Kisangani, où journalistes, étudiants et professionnels du droit viennent de vivre une formation cruciale sur le code du numérique. Un enjeu de taille dans une RDC où près de 60% de la population connectée s’informe principalement via les réseaux sociaux, selon une récente étude locale.
Organisé samedi 26 avril à l’initiative de Gaston-David Mukendi, reporter chevronné de Kis-24, cet atelier soutenu par l’Agence française de développement des médias révèle une urgence : armer les acteurs clés de la société contre les pièges de la désinformation. « L’intelligence artificielle crée désormais des images si réalistes qu’il devient impossible de distinguer le vrai du faux sans formation adéquate », explique un participant encore sous le choc des démonstrations pratiques.
La loi congolaise sur le numérique, adoptée en 2023, sert de colonne vertébrale à cette initiative. Maître David Otemikongo, intervenant lors de la formation, précise : « Beaucoup ignorent que partager une information non vérifiée sur WhatsApp peut désormais conduire devant les tribunaux ». Pourtant, l’article 23 de la Constitution garantit la liberté d’expression – un équilibre délicat entre droits et responsabilités que les formateurs ont décortiqué pendant huit heures intensives.
Au-delà des aspects juridiques, l’atelier a dévoilé des techniques concrètes pour traquer la désinformation. Vérification des métadonnées, utilisation d’outils open source comme InVid, analyse des patterns de diffusion virale : un arsenal devenu indispensable pour les journalistes RDC confrontés à la désinformation en période électorale.
Mais la véritable innovation réside dans l’approche collaborative. En mélangeant avocats, blogueurs et étudiants en communication, les organisateurs ont créé un laboratoire inédit de réflexion. « C’est la première fois qu’un procureur nous explique comment constituer une preuve numérique admissible en justice », s’enthousiasme une journaliste locale spécialisée dans les enquêtes RDC.
Reste une question cruciale : ces formations ponctuelles suffiront-elles face à l’avalanche quotidienne de deepfakes et de contenus manipulateurs ? Gaston-David Mukendi reste optimiste : « Chaque participant devient maintenant un relais dans sa communauté. La prochaine étape ? Former les enseignants pour qu’ils éduquent les élèves dès le secondaire ».
Alors que Kisangani actualités devient ainsi l’épicentre d’une révolution silencieuse, on ne peut s’empêcher de penser aux zones rurales où le numérique progresse plus vite que l’éducation aux médias. Un défi de taille pour les actualités régionales RDC, alors que les prochaines échéances politiques approchent à grands pas.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net