Le projet TRANSFORME RDC vient d’annoncer un chiffre qui résonne comme un électrochoc dans l’écosystème entrepreneurial congolais : 1 200 nouvelles entreprises éligibles à son programme de formation en promotion de l’entrepreneuriat (FOPE). Une révélation faite ce jeudi 24 juin à Kinshasa, lors d’un atelier stratégique organisé à l’Hôtel Sultani, épicentre des dernières actualités économiques RDC.
Cette sélection couronne six mois d’une chasse aux pépites entrepreneuriales menée par le groupement TARGET, Kivu Entrepreneurs et Dellions. Sur près de 47 000 entreprises identifiées à travers le pays, seules les plus prometteuses accèdent à ce programme d’accompagnement technique et financier. Un tri sélectif qui soulève une question cruciale : quels critères ont présidé à cette sélection drastique ?
Mallory Luntadi, responsable des opérations du projet, dévoile les coulisses de ce dispositif ambitieux : « Notre formation de 12 modules couvre l’ADN de l’entreprise moderne : gestion commerciale, maîtrise financière et leadership managérial ». Un cocktail de compétences vitales dans un pays où 62% des PME disparaissent avant leur troisième anniversaire selon la Banque Centrale du Congo.
L’opération ne se limite pas à Kinshasa. De Matadi à Bunia en passant par Mbuji-Mayi, le projet trace sa route comme un « corridor de développement » à travers les principales zones économiques du pays. Une approche décentralisée qui répond à un constat accablant : 85% des entreprises congolaises évoluent encore dans l’informel selon le dernier rapport de la FEC.
Le clou du programme reste le Concours des Plans d’Affaires (COPA), structuré en trois catégories stratégiques :
- Subventions en nature pour les micro-entrepreneures féminines
- Financements de démarrage pour les startups
- Aide à la maturation pour PME établies
Ce triptyque financier vise à combler le déficit de capital-risque en RDC, estimé à 2,3 milliards USD annuels par la SFI. Une manne cruciale alors que seulement 12% des entrepreneurs congolais ont accès au crédit bancaire traditionnel.
L’étude sous-jacente au projet livre des enseignements sociologiques saisissants. Parmi les entreprises sélectionnées, 38% sont dirigées par des femmes, un record en Afrique subsaharienne où la moyenne plafonne à 24%. Autre surprise : la prédominance des jeunes de 25-35 ans (67% des bénéficiaires), signe d’une génération Z congolaise avide de révolutionner le tissu économique national.
Mais ce succès apparent cache des défis structurels. Le taux d’enregistrement des entreprises en RDC stagne à 17%, loin derrière les 54% de la moyenne africaine. D’où l’urgence du volet « formalisation et digitalisation » du programme, qui a déjà permis l’immatriculation de 30 653 entreprises en six mois.
Quelle portée réelle pour cette initiative ? Les économistes pointent un potentiel de création de 150 000 emplois directs d’ici 2025 si le rythme actuel se maintient. Un espoir pour les 73% de Congolais en âge de travailler qui survivent dans l’économie informelle.
Reste à savoir si ce coup d’accélérateur entrepreneurial saura insuffler un changement systémique. Comme le souligne un expert de la Banque Mondiale joint par nos soins : « La clé réside dans la pérennisation des mécanismes de soutien post-formation ». Un avertissement crucial alors que seuls 22% des bénéficiaires de programmes similaires maintiennent leur croissance après trois ans.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
