Dans l’effervescence chaotique de Kinshasa, où les embouteillages monstres et l’anarchie routière sont devenus le quotidien des millions d’habitants, une lueur d’espoir législative se dessine. Le député national Tobie Kayumbi a déposé, ce jeudi 24 avril, une proposition de loi visant à moderniser le code de la route congolais, figé depuis 1978. Une initiative saluée par certains, accueillie avec scepticisme par d’autres, tant les défis structurels de la mobilité urbaine à Kinshasa semblent insurmontables.
« Le code de la route actuel est un vestige d’une époque révolue », a martelé l’élu du peuple lors d’une conférence de presse. Entre l’explosion démographique, l’avènement des wewa (taxis-motos) et les nouvelles technologies, la législation en vigueur apparaît comme un anachronisme. Kayumbi pointe du doigt ces « angles morts » juridiques qui, selon lui, alimentent l’incivisme et paralysent la capitale. Mais sa proposition suffira-t-elle à désengorger cette métropole étouffée par ses propres contradictions ?
Parmi les innovations phares du texte : la régulation stricte des conducteurs de motos, souvent accusés de naviguer entre les voitures avec une impunité déconcertante. Le projet prévoit également le recyclage obligatoire des agents de circulation, dont la compétence est régulièrement mise en cause par les usagers. Autre mesure symbolique : la protection renforcée des piétons, ces grands oubliés d’un système routier dominé par la loi du plus fort.
Mais derrière ces annonces se cachent des questions plus fondamentales. Comment appliquer ces réformes dans une ville où l’État de droit peine à s’imposer ? Le mécanisme de suivi pour l’obtention des permis de conduire – désormais valables cinq ans – résistera-t-il aux tentations de corruption ? « C’est un premier pas nécessaire, mais insuffisant », analyse un expert en urbanisme contacté par congoquotidien.com. « Sans investissements massifs dans les infrastructures et une véritable éducation citoyenne, Kinshasa restera prisonnière de ses propres artères. »
La balle est désormais dans le camp de l’Assemblée nationale. Les enjeux politiques sont de taille : en s’attaquant à un problème qui affecte quotidiennement chaque Kinois, Tobie Kayumbi place ses pairs devant leurs responsabilités. Mais dans l’arène législative congolaise, où les textes ambitieux sombrent souvent dans les méandres bureaucratiques, cette proposition parviendra-t-elle à garder son cap ?
Les prochains mois seront décisifs. Entre les lobbies des transporteurs, les résistances administratives et l’impatience populaire, le chemin vers une régulation routière efficace s’annonce semé d’embûches. Reste à savoir si cette initiative saura transformer l’essai, ou si elle rejoindra la longue liste des promesses politiques englouties par les nids-de-poule kinois.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net