Kabund dénonce un “contrat opaque” avec les États-Unis : Le régime Tshisekedi accusé de brader les ressources minières congolaises
Trois ans après la création de l’Alliance pour le changement (A.ch), Jean-Marc Kabund a choisi le ton de la confrontation directe. Lors des commémorations de son parti, l’ancien pilier de l’Udps a déployé une rhétorique incendiaire contre le pouvoir en place, accusant le président Félix Tshisekedi d’avoir institutionnalisé une « gouvernance prédatrice » au détriment de l’intérêt national. Un retour en forme de règlement de comptes pour celui qui fut jadis un proche du chef de l’État.
Un avertissement à Washington : la paix dans l’Est, alibi d’un pillage organisé ?
Le cœur de sa charge réside dans la dénonciation d’un accord minier en négociation avec les États-Unis. « Sous couvert de pacification de l’Est, le régime s’apprête à hypothéquer notre souveraineté », a-t-il martelé, évoquant un scénario similaire au contrat chinois – référence à un précédent toujours vivace dans la mémoire collective. Kabund y voit moins une stratégie de développement qu’une « capitulation déguisée » : « Peut-on vraiment croire que céder nos minerais stratégiques résoudra une crise sécuritaire alimentée par… l’absence de volonté politique ? »
Corruption et tribalisme : le cocktail explosif d’un État en déliquescence
L’opposant dresse un bilan sans concession de la situation nationale. « L’unité nationale ? Un leurre. Les libertés fondamentales ? Muselées. L’économie ? Au bord du gouffre », énumère-t-il, dépeignant un Congo-Kinshasa rongé par un « système mafieux ». Sa critique frappe surtout sur l’ethnicisation du pouvoir : « Le tribalisme est érigé en méthode de gouvernance à Kinshasa », assène-t-il, visant implicitement les recrutements ciblés dans l’administration et l’armée.
Le spectre de 2016 : Kabund rejoue-t-il son rôle d’opposant radical ?
Ce discours marque un retour aux sources pour l’ancien bras droit d’Étienne Tshisekedi. En fustigeant « l’autocratie rampante » du régime, Kabund semble rejouer sa partition d’opposant historique au régime Kabila. Une stratégie risquée : son alliance avec le pouvoir actuel entre 2019 et 2022 pourrait nuire à sa crédibilité. Pourtant, ses arguments trouvent un écho certain dans une population confrontée à l’inflation galopante et aux scandales de détournements.
Washington dans le collimateur : un partenariat qui inquiète
L’interpellation directe des États-Unis constitue la nouveauté de ce réquisitoire. « Les Américains doivent comprendre que leur partenariat ne profitera qu’à une oligarchie corrompue », prévient Kabund, soulignant le paradoxe d’une coopération sécuritaire avec un régime accusé de détourner les fonds militaires. Une mise en garde qui interroge : les bailleurs internationaux continueront-ils à fermer les yeux sur les dérives en échange d’accès aux minerais critiques ?
Quelle alternative politique ? Le pari risqué de l’Alliance pour le changement
En appelant à une « refondation républicaine », Kabund positionne son parti comme fer de lance d’une opposition moribonde. Mais son discours soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Quelle coalition pourrait incarner cette alternative ? Comment concilier radicalité verbale et pragmatisme institutionnel ? Autant de défis pour un mouvement qui, trois ans après sa création, peine encore à s’imposer comme force politique majeure.
L’heure des choix pour Tshisekedi
Ces accusations surviennent à un moment critique pour le président congolais. Alors que les partenaires internationaux scrutent sa gestion des ressources naturelles, la fronde d’un ancien allié pourrait fissurer davantage sa base politique. La réplique du pouvoir sera déterminante : opter pour le dialogue risquerait d’encourager d’autres dissidences, tandis que la répression nuirait à l’image démocratique du régime. Dans ce jeu d’échecs politique, Kabund mise sur l’essoufflement d’un pouvoir accusé d’avoir trahi ses promesses de rupture.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
