Dans un revirement aussi inattendu que symbolique, Kinshasa et la coalition M23/AFC ont scellé, sous les ors discrets de Doha, une déclaration commune ouvrant la voie à un cessez-le-feu dans l’Est congolais. Une issue surprenante pour des négociations qui semblaient vouées à l’enlisement après l’échec des médiations de Nairobi et Luanda. Le gouvernement congolais, en acceptant de qualifier ses adversaires d’hier de « partenaires de paix », joue-t-il ici un coup de maître diplomatique ou cède-t-il à une dangereuse illusion de pacification ?
Le Potentiel souligne avec justesse que les accords passés en RDC ont trop souvent servi de préludes à des partages de pouvoir éphémères plutôt qu’à des résolutions structurelles. La reconnaissance du M23 par Kinshasa, après des années de rhétorique martiale, ressemble à un aveu d’impuissance masqué en stratégie. « On ne peut faire confiance à un terroriste dont l’une des caractéristiques est le non-respect de la parole », rappelle La Tempête des Tropiques, exprimant une méfiance partagée par de nombreux observateurs des actualités politiques RDC.
Ce rapprochement, négocié dans le secret des palaces qataris, pose plusieurs énigmes. Pourquoi Doha, acteur discret dans la région, a-t-il réussi là où Luanda et Nairobi échouèrent ? Les 700 détenus réclamés par le M23 constituaient-ils une monnaie d’échange décisive ? Autant de questions qui agitent les rédactions des médias RDC, partagées entre espoir prudent et scepticisme de rigueur.
Dans un autre registre, le lancement de la réforme salariale par le président Tshisekedi dessine un chantre tout aussi périlleux. Présentée comme une cure de justice sociale pour une fonction publique marquée par des « disparités criantes » selon les mots du ministre Lihau, cette ambition se heurte à un double écueil. D’une part, la complexité technique de réformer une administration pléthorique dans un contexte de défis économiques RDC. D’autre part, le risque politique de mécontenter des catégories habituées à des privilèges indus.
Le paradoxe est saisissant : alors que le pouvoir tente de pacifier l’Est par la négociation, il engage une bataille interne tout aussi cruciale pour sa crédibilité. La réussite de ces deux dossiers déterminera si le régime peut conjurer le spectre de la « gouvernance en quête d’efficacité » pointé par les analystes. Mais dans les rues de Kinshasa actualités, on s’interroge : ces réformes salvatrices viendront-elles à bout des résistances bureaucratiques et de la défiance persistante envers les engagements politiques ?
L’Envol, formation d’opposition, salue pourtant l’initiative tout en appelant à un « pacte social élargi ». Une position qui révèle les calculs stratégiques en cours : chaque formation politique tente de capter l’aura d’un processus présenté comme historique. Reste que pour la population, l’enjeu est plus concret : voir enfin se concrétiser les promesses de stabilité dans l’Est et d’équité dans les ministères.
Alors que la CENCO et l’ECC appellent de leurs vœux un dialogue national élargi, ces deux dossiers – sécurité et réforme de l’État – pourraient constituer les pierres angulaires du second mandat présidentiel. Mais gare aux faux-semblants : comme le rappelle amèrement l’histoire congolaise, les accords signés sous les ors des capitales étrangères ont souvent fait long feu face aux réalités du terrain. Le M23 saura-t-il résister à la tentation de reprendre les armes ? La fonction publique acceptera-t-elle de renoncer à ses privilèges ? L’équilibre semble précaire, mais il constitue peut-être la dernière chance d’éviter un nouvel enlisement dans les actualités régionales RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
