Dans un contexte où l’Est de la RDC demeure un volcan géopolitique prêt à entrer en éruption, la déclaration conjointe signée à Doha entre Kinshasa et l’AFC/M23, sous l’égide du Qatar, suscite autant d’espoirs que de scepticisme. Ce texte, présenté comme une feuille de route vers la paix, promet une trêve immédiate, la fin des discours incendiaires et une mobilisation communautaire pour apaiser les tensions. Mais derrière les applaudissements protocolaires, les fissures de ce fragile édifice apparaissent au grand jour.
Les fantômes des « Wazalendo » : une épée de Damoclès
Première ombre au tableau : la présence menaçante des groupes armés non-signataires, notamment les « Wazalendo », ces patriotes autoproclamés dont les kalachnikovs résonnent encore dans les collines du Kivu. Leur absence autour de la table des négociations transforme ces acteurs en jokers dangereux, capables de faire basculer d’un coup de feu des mois de laborieux pourparlers. Comme le soulignent plusieurs observateurs des actualités régionales RDC, « leur silence actuel ressemble étrangement au calme précédant la tempête ».
Le mirage des bonnes intentions
Le gouvernement congolais et les rebelles du M23 devront désormais passer de la rhétorique diplomatique aux actes concrets. La démilitarisation des positions clés, le contrôle des discours haineux sur les réseaux sociaux, et surtout la création d’un couloir humanitaire crédible constitueront autant de tests pour cette paix en sursis. Un défi de taille dans une région où, comme le rappellent les analyses politiques RDC, « chaque retrait de troupes s’apparente à un jeu d’échecs sous haute tension ».
Diplomatie en eaux troubles : le tango des médiateurs
Autre écueil majeur : l’imbroglio des médiations concurrentes. Alors que le Qatar impose son empreinte sur cet accord, le médiateur officiel de l’Union africaine, le président togolais Faure Gnassingbé, observe ces développements avec une courtoisie teintée d’amertume. La coordination entre ces initiatives parallèles deviendra cruciale pour éviter que la politique RDC ne se transforme en champ de bataille d’influences étrangères rivales. Comme le formule un diplomate sous couvert d’anonymat : « Trop de cuisiniers risquent de gâcher la sauce paix ».
Entre espoir et réalisme : quel cap pour Kinshasa ?
Si certains analystes y voient une avancée historique, d’autres rappellent amèrement le sort des douze accords similaires signés depuis 2012 dans cette région meurtrie. La véritable question, au-delà des beaux discours, reste celle de la volonté politique réelle des signataires. Le gouvernement parviendra-t-il à canaliser les factions rebelles tout en maîtrisant sa propre nébuleuse militaire ? Les prochains jours apporteront des éléments de réponse cruciaux, alors que les actualités en temps réel RDC scrutent chaque mouvement de troupes.
Dans ce théâtre complexe où se mêlent enjeux locaux et convoitises internationales, la déclaration de Doha apparaît comme un pari risqué – peut-être le dernier – pour éviter l’embrasement généralisé. Mais comme le soulignent les experts en journalisme d’investigation RDC, « l’encre des signatures qataries séchera-t-elle avant le prochain coup de canon ? ».
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net