Dans l’arène politique congolaise, où les conflits armés à l’Est ont longtemps rythmé l’actualité, l’annonce d’une trêve entre le Gouvernement et le mouvement AFC/M23, scellée ce mercredi 23 avril 2025 à Doha, suscite un mélange d’espoir et de scepticisme. Cet accord, présenté comme une « avancée historique » par les deux parties, promet de poser les jalons d’un cessez-le-feu effectif. Mais derrière les déclarations optimistes se cachent des défis structurels qui rappellent les échecs passés des processus de paix.
Les pourparlers de Doha, orchestrés sous l’égide du Qatar, ont abouti à une déclaration commune où les belligérants s’engagent à « rejeter catégoriquement tout discours de haine et d’intimidation ». Une rhétorique noble, certes, mais qui peine à masquer les fractures persistantes. Le texte évoque un « dialogue constructif » devant traiter des « causes profondes de la crise », sans toutefois préciser les mécanismes concrets de désarmement ou de réconciliation. Comment éviter que cette trêve ne devienne un simple répit tactique, comme ce fut le cas lors des accords de Nairobi en 2023 ?
La référence aux « territoires de l’Est de la République » n’est pas anodine. Cette région, riche en minerais et en tensions ethniques, constitue le cœur géostratégique du conflit. Les analystes politiques soulignent que toute paix durable passera par une démilitarisation des zones minières et une intégration des groupes armés dans le tissu socio-économique. Or, le flou entourant les « modalités pour mettre fin au conflit » laisse planer un doute sur la volonté réelle des parties de désamorcer les logiques de prédation.
L’appel lancé aux médias congolais et aux chefs religieux pour relayer ce « message d’espoir » interroge. Les médias, souvent instrumentalisés dans les actualités politiques RDC, sauront-ils résister à la tentation des narratives partisanes ? Quant aux religieux, leur influence reste un double tranchant dans un pays où les discours messianiques ont parfois attisé les violences communautaires.
Sur le plan régional, cet accord pourrait redessiner les équilibres de pouvoir. Le Rwanda et l’Ouganda, accusés à maintes reprises de soutenir des milices dans l’Est, observeront avec attention les prochaines étapes. La réussite du dialogue de Doha dépendra aussi de leur capacité à jouer un rôle stabilisateur plutôt qu’un rôle de fauteur de troubles. Les actualités internationales RDC restent ainsi indissociables des jeux d’influence transfrontaliers.
Enfin, la question du timing mérite une analyse. Pourquoi ce rapprochement maintenant ? Certains observateurs y voient une manœuvre du Gouvernement pour apaiser les pressions diplomatiques avant la conférence des donateurs de Genève. D’autres évoquent des divisions internes au sein du M23, affaibli par des rivalités de leadership. Quoi qu’il en soit, les prochains mois seront cruciaux. Les analyses politiques RDC devront scruter l’application des engagements sur le terrain : retrait des troupes, accès humanitaire, et surtout, la fin des exactions contre les civils.
Si les mots de Doha ont le mérite d’exister, ils ne suffiront pas à effacer des décennies de méfiance. Comme le souligne un diplomate sous couvert d’anonymat : « La paix ne se signe pas dans les palaces climatisés, mais dans les collines du Kivu. » Gageons que cette fois, les acteurs congolais sauront écrire une nouvelle page – loin des habituelles nouvelles congolaises marquées par le sang et l’impunité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net