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RDC : La CENI en sursis, la société civile exige une restructuration radicale avant 2028

Kinshasa, épicentre des débats sur l’avenir démocratique de la République Démocratique du Congo, a accueilli un forum crucial sur la corruption électorale ce mardi 22 avril. Organisé par l’Institut Ebuteli, membre du consortium Le Congo n’est pas à vendre (CNPAV), cet événement a cristallisé les inquiétudes autour de la crédibilité des processus électoraux. La restructuration de la CENI s’impose désormais comme un impératif non négociable aux yeux des acteurs politiques et de la société civile.

« Sans réforme, ça ne sert à rien d’aller aux élections en 2028 », a martelé Juvénal Munobo, député honoraire et figure incontournable de ce débat. Son verdict sans appel résume l’urgence d’un chantier institutionnel qui dépasse les clivages partisans. Mais comment en est-on arrivé à cette défiance généralisée envers l’organe électoral ?

Le rapport d’Ebuteli, présenté lors de ces assises, apporte une réponse cinglante : la corruption électorale a gangrené jusqu’à la moelle le système congolais. Pratiquée « à grande échelle », selon les termes du document, elle sape la légitimité des dirigeants et alimente une crise de gouvernance persistante. Les dernières élections de 2023 auraient-elles été entachées par ces pratiques ? Les participants n’hésitent pas à faire le lien.

Une proposition-choc : la présidence tournante de la CENI

Parmi les solutions audacieuses avancées, la rotation de la présidence de la CENI entre confessions religieuses fait office de mesure phare. L’Église catholique ouvrirait le bal, suivie des protestants, des kimbanguistes, de la communauté musulmane et des Églises de réveil. Cette mécanique inédite vise à créer un « bouclier anti-partisan » selon un expert présent sur place. Une façon de soustraire l’institution aux influences politiques tout en capitalisant sur le capital de crédibilité des leaders religieux ?

Cette proposition s’inscrit dans un contexte où la RDC figure parmi les pays africains les plus touchés par la corruption selon les indicateurs internationaux. « Quand l’achat des consciences devient monnaie courante pendant les campagnes, peut-on encore parler de choix démocratique ? », interroge un participant anonyme. La question, lourde de sous-entendus, plane sur l’ensemble du débat.

Au-delà de Kinshasa : un mal qui ronge aussi les provinces

Si les projecteurs sont braqués sur le pouvoir central, le rapport d’Ebuteli révèle une réalité tout aussi alarmante en province. Des pratiques corruptrices décentralisées mineraient la redevabilité politique à l’échelle locale. « C’est toute l’architecture démocratique qui tremble », analyse un membre de la société civile de Lubumbashi joint par nos soins.

Cette analyse corrobore les récentes enquêtes RDC sur les dysfonctionnements dans la gestion des scrutins locaux. Faut-il y voir une explication à la défiance croissante des citoyens envers leurs élus ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : moins de 40% des Congolais feraient confiance aux institutions issues des urnes selon un récent sondage.

2028 dans le viseur : course contre la montre pour sauver les élections

Avec moins de quatre ans avant le prochain cycle électoral, le temps presse. La restructuration de la CENI ne se résume pas à un simple remaniement technique. Elle implique une refonte complète de sa gouvernance, de son financement et de ses mécanismes de contrôle. « C’est maintenant que se joue la crédibilité des élections de 2028 », insiste un organisateur du forum.

Dans ce contexte, les actualités politiques RDC pourraient bien être dominées dans les prochains mois par les batailles parlementaires autour des réformes électorales. Le gouvernement parviendra-t-il à transformer l’essai ? Ou assistera-t-on à une nouvelle valse-hésitation préjudiciable à la stabilité du pays ?

Une chose est sûre : la société civile congolaise, galvanisée par des initiatives comme celle d’Ebuteli, compte bien peser de tout son poids dans ce débat crucial. Car comme le rappelle un adage populaire à Kinshasa : « Une élection transparente ne se donne pas, elle s’arrache ».

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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