Alors que la République Démocratique du Congo perd chaque année l’équivalent de 500 000 terrains de football en couvert forestier, un cri d’alarme retentit à Kinshasa. Le Dr Eustache Kidikwadi, scientifique de renom, lance un appel urgent à la préservation des éléments vitaux de notre existence : l’air, le sol et l’eau. Une interpellation cinglante formulée ce mardi 22 avril lors de la Journée mondiale de la Terre, célébrée sous le thème évocateur « Notre pouvoir, notre planète ».
Dans un pays où 70% de la population dépend directement des ressources naturelles pour sa survie, cette mise en garde résonne comme un électrochoc. « Nous traitons notre unique maison comme si nous avions une planète de rechange en réserve », tonne le docteur en sciences de l’environnement. Son diagnostic est sans appel : la dégradation accélérée des écosystèmes congolais menace les fondements mêmes de la vie.
Les chiffres donnent le tournis. Selon les dernières études, la pollution de l’air à Kinshasa dépasse jusqu’à 5 fois les seuils critiques de l’OMS. Les sols agricoles s’appauvrissent à vue d’œil, perdant jusqu’à 40% de leur fertilité dans certaines régions du Kasaï. Quant aux cours d’eau, 60% des habitants de Goma n’ont accès qu’à une eau impropre à la consommation.
« L’urgence n’est plus à la sensibilisation mais à l’action concrète », insiste Kidikwadi. Le chercheur pointe du doigt un paradoxe congolais : alors que le pays abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et 50% des réserves d’eau douce africaines, sa population subit de plein fouet les effets de la crise écologique. Comment expliquer cette contradiction ?
La réponse se niche dans l’équation complexe entre exploitation minière, pression démographique et gouvernance environnementale. À Lubumbashi, les rejets toxiques des usines métallurgiques asphyxient progressivement les écosystèmes. Dans le bassin du Congo, la surexploitation forestière compromet le rôle crucial de « poumon vert » joué par la RDC dans la régulation du climat africain.
Pourtant, des solutions existent. Le Dr Kidikwadi plaide pour une révolution des mentalités : « Protéger notre terre nourricière n’est pas une option, c’est une condition de survie ». Il appelle à un New Deal écologique congolais mêlant technologies propres, éducation environnementale et justice climatique. Un défi de taille pour un pays où seulement 2% du budget national est consacré à la protection de l’environnement.
À l’heure où les actualités économiques RDC focalisent sur les investissements miniers, cette alerte vient rappeler une évidence : aucune croissance ne sera possible sur une planète exsangue. Les dernières nouvelles RDC en matière environnementale sonnent comme un ultimatum. La communauté internationale elle-même reconnaît le rôle clé de la RDC dans l’équilibre climatique global – mais les actes suivront-ils les discours ?
Alors que s’ouvre une décennie cruciale pour le climat, la Journée mondiale de la Terre prend en RDC des accents de plaidoyer vital. Entre pressions économiques et impératifs écologiques, le Congo devra trancher : sera-t-il le gardien de son patrimoine naturel ou le spectateur de son propre naufrage environnemental ? La réponse se construit aujourd’hui, à coups de politiques audacieuses et de citoyens conscients de leur « pouvoir planétaire ».
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
