Alors que la RDC célèbre la Journée mondiale de la Terre dans un contexte de crise écologique grandissante, le cri d’alarme du Dr Eustache Kidikwadi résonne comme un électrochoc. « Sans air pur, sans sol fertile, sans eau saine, nos vies ne sont qu’un compte à rebours », assène le scientifique congolais, dressant un constat sans appel sur l’état de notre planète.
Une urgence vitale ignorée
Le thème « Notre pouvoir, notre planète » prend une résonance particulière au cœur de l’Afrique centrale, poumon vert menacé par une déforestation qui avale l’équivalent de 40 terrains de football chaque heure. Les chiffres glacent le sang : 2,6 millions d’hectares de forêt perdus en RDC entre 2020 et 2023, selon les dernières données du Global Forest Watch.
Le Dr Kidikwadi martèle une évidence trop souvent occultée : « Notre existence tient à trois éléments invisibilisés : l’air qui nous transporte, l’eau qui nous sculpte, le sol qui nous porte. Les menacer, c’est scier la branche humaine de l’arbre de vie. » Une mise en garde qui interpelle directement les décideurs politiques congolais, alors que le pays abrite 60% des forêts du bassin du Congo.
Le paradoxe congolais
La RDC, ce géant écologique assis sur un trésor de biodiversité, présente un bilan contrasté. Si le pays contribue à seulement 0,05% des émissions mondiales de CO2, il subit de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique. Inondations meurtrières à Kinshasa, érosion côtière à Muanda, appauvrissement des sols agricoles au Kasaï… La nature congolaise rend coup pour coup.
« Protéger nos écosystèmes n’est pas une option, c’est une question de survie collective », insiste le Dr Kidikwadi. Un plaidoyer qui trouve écho alors que s’intensifie l’exploitation minière anarchique dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, véritable épée de Damoclès au-dessus des nappes phréatiques régionales.
Le temps de l’action
53 ans après la création de cette journée mondiale, le bilan reste mitigé. Pourtant, des lueurs d’espoir percent. L’annonce récente d’un plan de gestion des déchets plastiques à Lubumbashi, ou les initiatives de reboisement communautaire à Goma, montrent que les solutions existent. Mais à quel rythme ? La RDC peut-elle vraiment devenir le gardien de ce patrimoine écologique tout en assurant son développement économique ?
Le Dr Kidikwadi lance une invitation pressante : « Chaque geste compte, mais il faut des actes structurants. Des politiques publiques courageuses, une éducation environnementale dès l’école primaire, une justice climatique implacable. » Un programme ambitieux pour un pays où 70% de la population dépend directement des ressources naturelles.
Alors que les projecteurs se braquent sur les enjeux politiques et économiques, cet appel rappelle une vérité élémentaire : sans bases écologiques saines, aucun développement n’est possible. La Terre congolaise, riche et généreuse, mérite plus qu’un jour de commémoration – elle exige une révolution quotidienne dans nos pratiques. L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action concrète. Notre survie en dépend.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net