La situation humanitaire dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, atteint un seuil critique. Selon la société civile locale, les cas de malnutrition chez les enfants et les femmes de Njiapanda, dans la zone de santé de Biena, ont plus que doublé en quelques mois. Dix nouveaux cas sont désormais enregistrés chaque mois, contre quatre auparavant. Une progression alarmante, directement liée aux conflits armés opposant les FARDC, les rebelles du M23 et les groupes ADF, qui provoquent des déplacements massifs de populations.
Comment expliquer cette flambée de malnutrition dans une région pourtant fertile ? Les affrontements répétés ont contraint des milliers de familles à fuir leurs villages, abandonnant leurs champs et leurs sources de revenus. « Ces populations déplacées vivent désormais dans une précarité extrême », alerte Merveille Mhindo Kavughu, nutritionniste à la zone de santé d’Annualité. Privées de leurs terres agricoles, elles n’ont plus accès à une alimentation diversifiée, base essentielle pour prévenir les carences nutritionnelles.
Les conséquences sont visibles : retards de croissance, affaiblissement du système immunitaire, et risques accrus de mortalité infantile. Pour les spécialistes de la Santé RDC, cette crise rappelle l’urgence de renforcer les mécanismes d’aide d’urgence. « Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes paient le plus lourd tribut », souligne le Dr Kavughu, comparant la malnutrition à « une épidémie silencieuse » qui mine l’avenir de toute une génération.
Face à cette urgence, les acteurs locaux lancent un cri d’alarme aux organisations humanitaires. Mais comment agir efficacement dans un contexte sécuritaire aussi volatile ? La société civile plaide pour un soutien accru en suppléments nutritionnels, mais aussi pour des solutions durables. Parmi les pistes évoquées : la formation des élèves en nutrition dans les écoles locales, afin de détecter précocement les cas critiques. Une approche innovante qui pourrait faire école dans d’autres actualités régionales RDC touchées par des crises similaires.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 60% des ménages déplacés dans la zone consomment moins d’un repas par jour. Une réalité qui interpelle sur les enjeux de sécurité alimentaire dans les nouvelles congolaises. Alors que les actualités politiques RDC dominent souvent l’agenda médiatique, cette crise humanitaire montre comment les conflits armés impactent directement le quotidien des civils. Les habitants de Njiapanda, comme ceux de Goma ou Kinshasa, méritent-ils moins d’attention ?
Les spécialistes insistent sur une fenêtre d’action réduite. « Sans intervention rapide, nous risquons une aggravation exponentielle des cas d’ici la saison sèche », prévient-ils. Parmi les recommandations clés : la distribution de kits alimentaires thérapeutiques, le déploiement de cliniques mobiles, et la sécurisation des axes agricoles. Autant de défis qui nécessitent une coordination entre autorités congolaises et partenaires internationaux.
Cette crise met en lumière un paradoxe criant : le Nord-Kivu, grenier agricole du pays, voit ses populations mourir de faim. Un avertissement sombre pour l’économie RDC, dont la résilience dépend en grande partie de la stabilité dans ses régions productrices. Alors que les actualités internationales RDC se concentrent souvent sur les aspects militaires du conflit, cet angle mort humanitaire réclame une attention urgente.
En attendant l’arrivée des secours, les familles survivent grâce à la solidarité locale. Mais comme le rappelle un leader communautaire : « Un enfant qui ne mange pas aujourd’hui ne pourra pas reconstruire le Congo de demain ». Une phrase-choc qui résume l’enjeu de cette crise, bien au-delà des simples chiffres.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net