Kinshasa, épicentre des débats sur l’avenir démocratique de la République Démocratique du Congo, a accueilli un forum décisif sur la corruption électorale organisé par l’Institut Ebuteli. Cet événement, inscrit dans l’agenda des Actualités politiques RDC, a mis en lumière une exigence unanime : la restructuration urgente de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mais pourquoi cette institution clé suscite-t-elle autant de défiance ?
Les participants – société civile, experts et politiques – ont dressé un constat sans appel : la CENI actuelle ne garantit plus des scrutins crédibles. « Sans réforme structurelle, organiser les élections de 2028 relèverait de l’inconséquence », a martelé Juvénal Munobo, ancien député et figure incontournable des Analyses politiques RDC. Cette position radicale trouve son origine dans un rapport accablant présenté lors des assises.
L’Institut Ebuteli, fer de lance du journalisme d’investigation RDC, propose une innovation majeure : un système de rotation confessionnelle à la présidence de la CENI. L’Église catholique ouvrirait le bal, suivie des protestants, des kimbanguistes, des musulmans et des Églises de réveil. Une mesure choc pour briser l’emprise des partis politiques sur l’organe électoral. Mais cette proposition suffira-t-elle à redonner confiance aux 40 millions d’électeurs congolais ?
Le diagnostic posé par les experts révèle une corruption électorale systémique qui gangrène tous les échelons du processus. Achat de cartes d’électeur, trucage des procès-verbaux, instrumentalisation des juges constitutionnels : le rapport détaille avec précision ces mécanismes qui transforment les urnes en « marché aux voix ». La RDC se classerait ainsi parmi les pays africains les plus touchés par ce fléau, selon les Enquêtes RDC menées par le consortium CNPAV.
Cette situation expliquerait en partie la crise de légitimité persistante qui mine les institutions congolaises. « Lorsque les citoyens perçoivent les élections comme une mascarade, le contrat social se rompt », analyse un expert en Gouvernance RDC présent au forum. Les dernières élections de 2023, marquées par des irrégularités massives, en seraient la parfaite illustration.
La dimension provinciale du problème a particulièrement retenu l’attention des participants. Des gouverneurs aux conseillers municipaux, la corruption électorale se déploie en réseau, alimentant un clientélisme politique décomplexé. Cette réalité pose une question cruciale : comment restaurer la crédibilité du vote dans des régions où les logiques communautaires priment sur l’intérêt général ?
Face à ce constat alarmant, les recommandations du forum insistent sur trois piliers réformateurs : transparence dans le financement des campagnes, audit indépendant des listes électorales, et surtout – mesure phare – l’autonomisation juridique et financière de la CENI. « L’enjeu dépasse la simple organisation technique des élections. Il s’agit de refonder notre pacte démocratique », a souligné un représentant de la société civile spécialisé dans les Faits divers RDC.
Alors que la classe politique congolaise semble divisée sur ces propositions, un consensus émerge dans l’opinion : sans purification des processus électoraux, toute alternance démocratique restera illusoire. Les prochains mois diront si ces appels à la moralisation trouveront écho au sein des institutions ou resteront lettre morte.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net