Le Parc national des Virunga, joyau écologique classé au patrimoine mondial, célèbre ce 21 avril un siècle d’existence. Mais derrière les trompettes de la commémoration, une réalité brutale s’impose : 30 ans de conflits armés ont transformé ce sanctuaire de biodiversité en champ de bataille. Avec plus de 200 rangers tués depuis 1996 et 80% des hippopotames disparus entre 1994 et 2006, le paradoxe est cruel. Comment ce poumon vert de 790 000 hectares, abritant le tiers des gorilles de montagne de la planète, survit-il à l’étau des groupes armés et du braconnage ?
Au cœur des actualités RDC, le Virunga incarne à la fois la résilience congolaise et les fractures d’une région minée par l’exploitation illégale des ressources. Le M23 et les FDLR ont fait des richesses naturelles du parc leur trésor de guerre. Lac Édouard, jadis paradis des pêcheurs, voit ses eaux saignées par des captures illicites estimées à 15 tonnes quotidiennes. Les volcans Nyiragongo et Nyamuragira, véritables laboratoires à ciel ouvert, deviennent des forteresses inaccessibles aux scientifiques.
Méthode Uhoze, voix tremblante d’indignation, décrypte cette hémorragie écologique : « Nos enfants grandissent en imaginant les gorilles comme des créatures de légende. Les routes de la conservation sont barrées par des kalachnikovs ». Son plaidoyer résonne comme un électrochoc dans les analyses politiques RDC : la survie du parc exige plus que des discours – elle nécessite une remobilisation totale de l’État et de la communauté internationale.
L’économie RDC pourrait pourtant puiser dans ce vivier naturel. La centrale hydroélectrique de Rwanguba, attaquée à 7 reprises depuis 2021, symbolise ce gâchis. Conçue pour alimenter 60 000 foyers en énergie propre, elle stagne à 30% de sa capacité. Résultat : des communautés riveraines plongées dans le noir, contraintes à la cueillette destructrice dans le parc.
Face à ce désastre, l’Alliance Virunga tente une révolution copernicienne. Ce partenariat public-privé né en 2008 mise sur un développement économique alternatif : 4 000 emplois créés dans l’agro-industrie, 18 écoles reconstruites, 12 centres de santé réhabilités. Une goutte d’espoir dans un océan de défis – le parc reste inscrit sur la liste du patrimoine en péril depuis 1994.
Les nouvelles congolaises révèlent pourtant une lueur d’espoir : en 2023, le braconnage des éléphants a chuté de 40% grâce aux patrouilles communautaires. Preuve que la coexistence entre humains et nature reste possible quand la sécurité revient. Mais comment stabiliser une région où 120 groupes armés se disputent le contrôle des minerais ?
À Goma et Kinshasa, les tribunes d’opinion RDC s’enflamment : certains exigent le déploiement accru de l’armée, d’autres prônent la négociation avec les milices. Le dilemme est criant – militariser la conservation ou dialoguer avec ses destructeurs ? Entre-temps, chaque jour perdu voit disparaître 50 hectares de forêt, selon les dernières données satellitaires.
Le centenaire du Virunga doit sonner comme un réveil mondial. Ce parc qui séquestre 150 millions de tonnes de CO2 – l’équivalent des émissions annuelles de 30 millions de voitures – n’est pas qu’un trésor congolais. Son destin lie l’humanité entière à l’équilibre climatique de l’Afrique centrale. Méthode Uhoze lance un ultimatum : « Nous avons hérité d’une pépite, léguerons-nous un désert ? ». La réponse s’écrira dans les actualités régionales RDC des prochains mois.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd