Dans les ruelles de Lubero-centre, au Nord-Kivu, un silence lourd de honte et de douleur étouffe les voix des survivantes. Bernadette Kurabe, point focal de l’ONG « Rien sans les femmes », dévoile un chiffre glaçant : 253 viols enregistrés entre janvier et avril 2025. « D’autres mamans ne dénoncent pas. Elles craignent d’être stigmatisées… », murmure-t-elle, révélant l’iceberg d’une crise humanitaire occultée.
Comment en est-on arrivé à une telle barbarie dans une région déjà meurtrie par des années de conflits ? Les groupes armés, actifs dans cette partie de la province du Nord-Kivu, utilisent le viol comme arme de terreur systématique. « La femme du territoire de Lubero ne cesse d’être agressée à cause de l’insécurité grandissante », insiste Kurabe, soulignant le lien direct entre la prolifération des milices et les violences sexuelles en RDC.
Derrière les statistiques officielles – déjà alarmantes – se cache une réalité plus sombre. Combien de jeunes filles violentées dans l’ombre ? Combien de mères contraintes au silence par la peur des représailles ? « Si le bourreau est connu et n’est pas puni, on encourage encore », dénonce la militante, pointant du doigt l’impunité chronique qui gangrène la région.
Cette crise met en lumière l’urgence d’une réponse coordonnée entre politique RDC et justice congolaise. Alors que les actualités régionales RDC relaient quotidiennement l’avancée des rebelles du M23, les civils – particulièrement les femmes – paient le prix sanglant de cette instabilité. Les hôpitaux de Lubero-centre, déjà sous-équipés, croulent sous l’afflux de victimes nécessitant des soins post-viol.
La question cruciale demeure : pourquoi les promesses gouvernementales peinent-elles à se concrétiser sur le terrain ? L’appel lancé par l’ONG résonne comme un ultimatum aux autorités : rétablir la sécurité, juger les bourreaux, protéger les survivantes. Une demande pressante alors que les nouvelles congolaises internationales documentent chaque semaine de nouveaux massacres dans l’Est du pays.
Au-delà de l’indignation, cette tragédie interroge les fondements mêmes de la protection des civils en zone de conflit. Les enquêtes RDC menées par des organisations locales révèlent un mécanisme de violence genrée institutionnalisée. Comment parler de reconstruction nationale quand le corps des femmes reste un champ de bataille ?
En cette période électorale sensible, les analyses politiques RDC soulignent pourtant l’absence criante de ce dossier dans les débats publics. Pendant ce temps, à Lubero-centre, des centaines de survivantes tentent de reconstruire leur vie dans un climat de peur persistante. Leur calvaire rappelle cruellement que sans justice réparatrice et sans sécurité durable, les actualités RDC continueront de ressembler à un éternel recommencement.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net