« Aucune paix n’est possible sans véritable désarmement. » Ces mots, prononcés par le Pape François depuis la basilique Saint-Pierre à Rome le 20 avril dernier, résonnent comme un appel urgent pour la République Démocratique du Congo (RDC). Dans un contexte où l’Est du pays reste en proie à des violences armées, ce message pontifical interpelle autant les dirigeants que les citoyens congolais.
Le souverain pontife, par la voix de Mgr Diego Ravelli, a exprimé une solidarité sans équivoque envers les populations de la RDC, du Soudan et du Sud-Soudan, « victimes des violences et des conflits ». Un écho direct aux attaques récurrentes dans le Nord-Kivu et l’Ituri, où des milliers de familles fuient chaque jour les combats entre groupes armés. Mais au-delà des zones de guerre, le Pape dénonce aussi une « volonté de mort » qui se manifeste dans les foyers, à travers les violences domestiques ou la marginalisation des plus vulnérables. « Comment expliquer que des enfants, des femmes ou des migrants soient encore traités comme des invisibles dans notre société ? », interroge-t-il, pointant du doigt des fractures sociales souvent passées sous silence.
La référence à la liberté religieuse ajoute une dimension cruciale dans un pays où près de 95% de la population se réclame chrétienne. « Aucune paix n’est possible là où il n’y a pas de liberté de pensée », insiste le chef de l’Église catholique, rappelant les persécutions subies par certaines communautés religieuses. Un message qui trouve un terrain d’actualité brûlant alors que des églises sont parfois prises pour cible dans des régions en crise.
Depuis le début de son pontificat, François ne cesse de plaider pour la RDC. En 2023, son voyage à Kinshasa avait déjà marqué les esprits par un discours historique appelant à « sortir des logiques de prédation ». Mais sur le terrain, le décalage reste frappant. Selon un récent rapport de la MONUSCO, plus de 6 millions de déplacés internes survivent dans des conditions précaires, tandis que l’accord de cessez-le-feu de 2023 peine à se concrétiser.
« Le Pape a raison de lier désarmement et paix, mais qui prendra enfin des mesures concrètes ? », s’indigne le père Marcel Kambale, œuvrant dans un camp de déplacés à Goma. Comme lui, nombreux sont les acteurs locaux qui saluent la parole pontificale tout en exigeant des actions politiques. La récente augmentation des budgets militaires contraste en effet avec l’absence de stratégie claire pour le désarmement des milices.
Cette analyse collective soulève une question centrale : comment transformer ces appels spirituels en changements structurels ? Si la société civile congolaise salue le soutien international, elle rappelle que la solution passe par une gouvernance inclusive et une justice équitable. « La paix ne viendra pas de Rome, mais de notre capacité à écouter les cris de l’Est », résume une militante de Lubumbashi, soulignant l’urgence de dialogues locaux.
En conclusion, le message du Pape François agit comme un miroir tendu à la RDC et à la communauté internationale. Entre espoir et désillusion, les défis restent immenses : désarmer les cœurs avant les armes, protéger les marginalisés, et garantir à chaque Congolais le droit de croire et de s’exprimer. Alors que le pays s’approche d’élections clés, cet appel à la paix globale résonne comme un test décisif pour l’avenir de toute une nation.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
