Dans un contexte politique marqué par des tensions récurrentes lors des scrutins, le Cadre de concertation de la femme congolaise (CAFCO) a initié une démarche novatrice pour apaiser le climat électoral en République Démocratique du Congo. Vendredi 18 avril, l’organisation a réuni experts, membres de la société civile et représentants de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) lors d’un atelier dédié à la médiation électorale. Objectif affiché : institutionnaliser cette pratique dans le paysage démocratique congolais.
Pourquoi la médiation électorale reste-t-elle un chaînon manquant dans la gestion des conflits post-électoraux ? Cette question centrale a structuré les échanges entre les participants. Les débats ont mis en lumière l’urgence de doter les médiateurs d’un cadre juridique protecteur, similaire à celui des autres acteurs du processus électoral. Une revendication portée avec force par Grâce Lula, directrice exécutive du CAFCO, qui insiste sur la nécessité d’« une synergie entre la société civile et le législateur ».
Vers une réforme légale historique ?
L’enjeu dépasse la simple reconnaissance symbolique. Il s’agit de sécuriser juridiquement les médiateurs tout en renforçant leur crédibilité opérationnelle. Me Fabien Boko Matondo, membre de la plénière de la CENI, a salué cette initiative qui « s’inscrit dans la droite ligne des réformes pour des élections crédibles ». Son intervention a rappelé le rôle clé de la médiation lors des dernières élections générales de 2023, où 377 médiateurs avaient été déployés sur le terrain.
Kinshasa au cœur de l’innovation démocratique
Cet atelier organisé dans la capitale congolaise s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation des institutions politiques. Les participants ont planché sur des mécanismes concrets pour intégrer la médiation dans la loi électorale. Parmi les pistes évoquées : la création d’un statut juridique spécifique, la formation accréditée des médiateurs et leur protection pendant les missions sensibles.
La question du genre n’a pas été occultée. Le CAFCO, organisation principalement féminine, a souligné l’apport spécifique des médiatrices dans la résolution des conflits. Une approche qui résonne avec les actualités politiques RDC récentes, marquées par une volonté affichée d’inclusion des femmes dans les processus de décision.
Quel impact sur les prochains scrutins ?
Si les conclusions de cet atelier trouvent écho au parlement, la RDC pourrait se doter d’un arsenal juridique unique en Afrique centrale. Les experts présents ont évoqué des modèles de médiation électorale réussis au Ghana et en Afrique du Sud, adaptables au contexte congolais. Reste à convaincre les décideurs politiques de l’impérieuse nécessité de cette réforme à l’approche des prochaines échéances électorales.
Cet événement confirme Kinshasa comme épicentre des réformes électorales RDC, tout en posant une question cruciale : la médiation institutionnalisée pourrait-elle devenir le rempart contre les violences post-électorales qui ont trop souvent entaché les processus démocratiques congolais ? La balle est désormais dans le camp du législateur.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net