Une tragédie d’une ampleur inédite a frappé les eaux du fleuve Congo cette semaine. Dans la province de l’Équateur, une embarcation en bois transformée en brasier a emporté au moins 143 vies, selon les derniers bilans officiels. Des dizaines de personnes restent portées disparues, plongeant des familles entières dans l’angoisse.
« Les uns calcinés, les autres par noyade », décrit avec une douleur palpable Joseph Lokondo, responsable d’une association locale. Le drame s’est produit mardi face à Mbandaka, lorsque selon la députée Joséphine-Pacifique Lokumu, « une femme a allumé la braise pour faire la cuisson » à proximité de bidons de carburant. L’explosion qui s’en est suivie a transformé le bateau surchargé en un enfer flottant.
Comment en est-on arrivé là ? La question hante les esprits alors que les corps continuent d’être repêchés. « Un premier groupe de 131 corps ont été retrouvés mercredi, 12 autres repêchés jeudi et vendredi », témoigne la parlementaire sur place. Le bilan, encore provisoire, pourrait s’alourdir davantage alors que « plusieurs familles étaient toujours sans nouvelles de leurs proches » ce vendredi.
Cette catastrophe met en lumière les conditions de transport déplorables qui persistent sur les voies navigables congolaises. « Des centaines » de passagers entassés sur une embarcation en bois, du carburant transporté sans précautions, l’absence de liste officielle des voyageurs… Autant de facteurs qui transforment chaque traversée en roulette russe.
Les hôpitaux locaux accueillent péniblement les survivants, tandis que les autorités tentent de gérer l’afflux de corps. Derrière les chiffres froids du bilan, ce sont des vies brisées, des enfants qui ne reviendront pas de l’école, des parents partis chercher du travail en ville. Cette nouvelle tragédie rappelle cruellement l’urgence de réformer en profondeur le transport fluvial en RDC, où les naufrages meurtriers se succèdent dans une indifférence quasi-générale.
Alors que les recherches se poursuivent, une question demeure : combien de drames faudra-t-il encore pour que des mesures concrètes soient enfin prises ? Entre laxisme des autorités et précarité des populations, le fleuve Congo continue de charrier son lot de morts évitables.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
