Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) tire la sonnette d’alarme face à une inquiétante recrudescence des cas de choléra dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo. Selon le dernier rapport couvrant la période du 16 au 31 mars 2025, cette agence onusienne a enregistré pas moins de 2 169 cas, dont 4 décès, au cours des onze premières semaines de l’année. Une situation qui interpelle sur les défis sanitaires persistants dans cette région.
Les zones de santé les plus touchées sont sans conteste Goma, Karisimbi, Nyiragongo et Kirotshe, qui concentrent à elles seules 98% des cas signalés à l’échelle provinciale. Comment expliquer une telle concentration? Plusieurs facteurs entrent en jeu, notamment la densité de population, les conditions d’hygiène précaires et les mouvements importants de personnes dans ces zones.
La situation devient d’autant plus préoccupante que les acteurs humanitaires font état d’un retrait progressif du soutien aux quatre Unités de Traitement du Choléra (UTC) de Mugunga, Don Bosco, Kasika et Rusayo. Plusieurs ONG engagées dans la riposte ont dû se retirer, victimes collatérales du manque criant de financement. Une question se pose alors: comment contenir cette épidémie sans les moyens appropriés?
Selon les analyses des experts, cette flambée épidémique trouve son origine dans le démantèlement récent de nombreux sites de déplacés. Cette dispersion forcée des populations a entraîné mécaniquement la suspension des activités de surveillance épidémiologique, créant ainsi un terrain propice à la propagation du vibrion cholérique. Le choléra, cette maladie des mains sales, profite de ces conditions pour se répandre comme une traînée de poudre.
Face à cette situation alarmante, quelles solutions envisager? Les spécialistes insistent sur la nécessité urgente de:
- Rétablir un financement durable pour les UTC
- Renforcer les campagnes de sensibilisation à l’hygiène
- Améliorer l’accès à l’eau potable
- Relancer la surveillance épidémiologique
La province du Nord-Kivu, déjà éprouvée par des années de conflits et de déplacements de population, se retrouve une fois de plus en première ligne face à une crise sanitaire majeure. Cette situation rappelle cruellement que le choléra reste un marqueur des inégalités sociales et des vulnérabilités infrastructurelles en RDC. Sans une mobilisation rapide et coordonnée de tous les acteurs, le pire est peut-être encore à venir dans cette région où les défis humanitaires s’accumulent.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
