Devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dressé un tableau sombre de la situation dans la région des Grands Lacs. Cinquante-quatre jours après l’adoption de la résolution 2773, les violences persistent, les violations des droits humains se multiplient et la paix semble plus lointaine que jamais. Dans un discours percutant, la cheffe de la diplomatie congolaise a dénoncé l’inaction de la communauté internationale face à cette crise qui menace la stabilité de toute la région.
« Les exécutions sommaires, les enlèvements, les enrôlements forcés et les atteintes aux droits fondamentaux se poursuivent dans les zones occupées par la rébellion soutenue par le Rwanda », a-t-elle déclaré. Cette situation, selon elle, s’accompagne d’une « dérive plus grave encore » : l’établissement d’un ordre politico-juridique parallèle, imposé par la force, en violation flagrante de la souveraineté de l’État congolais. Une réalité qui rappelle les heures les plus sombres de l’histoire de la République Démocratique du Congo.
Mais au-delà des considérations politiques, c’est la crise humanitaire qui préoccupe le plus. Plus d’un million et demi de nouveaux déplacés, des zones entières devenues inaccessibles, des attaques contre les camps de déplacés et les centres de soins… Les chiffres cités par la ministre, tirés du rapport du Secrétaire général de l’ONU, donnent le vertige. « Les besoins explosent, les ressources s’effondrent, et l’espoir s’efface », a-t-elle regretté, pointant du doigt les coupes budgétaires imposées au HCR et autres agences onusiennes.
Face à cette situation, l’appel lancé par Thérèse Kayikwamba Wagner est sans équivoque : « L’urgence humanitaire en RDC ne peut plus attendre. Il en va de notre devoir moral, mais aussi de la stabilité régionale ». Un avertissement qui prend tout son sens quand on considère l’impact des flux de réfugiés sur les pays voisins et les risques de tensions futures liées au retour des déplacés dans un contexte d’occupation prolongée.
Alors que la communauté internationale semble paralysée, la question se pose : jusqu’à quand cette situation pourra-t-elle durer ? Entre enjeux géopolitiques, impératifs humanitaires et respect de la souveraineté nationale, le dossier congolais représente un casse-tête complexe pour la diplomatie mondiale. Une chose est certaine : comme l’a souligné la ministre, mal gérée, cette crise pourrait devenir « un terreau fertile pour les conflits futurs ». Un scénario que personne ne peut se permettre, tant les conséquences seraient désastreuses pour toute la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net