Dans un élan de solidarité remarquable, les travailleuses de l’Université Officielle de Mbujimayi (UOM) ont réussi à mobiliser plus de 11.000 USD lors d’une campagne de collecte de fonds. Cette initiative vise à soutenir les femmes victimes de violences dans le territoire de Katanda, une région du Kasaï-Oriental marquée par des conflits intercommunautaires persistants.
Le Professeur Abbé Apollinaire Cibaka Cikongo, recteur de l’UOM, n’a pas caché sa fierté face à cette action. “C’est une initiative des mamans de l’UOM. Traditionnellement, l’université leur offre un pagne et organise une petite fête. Mais depuis deux ans, elles ont décidé de consacrer ces moyens à des femmes en situation difficile”, a-t-il expliqué. L’objectif initial de 10.000 USD a été largement dépassé, témoignant de l’engagement de la communauté universitaire.
Cette campagne revêt une dimension particulièrement émouvante. Elle a été menée en mémoire de Polyvia Nashanapa, une employée de l’UOM tragiquement décédée des suites de violences conjugales. Son mari l’a abattue à bout portant avant de prendre la fuite, laissant derrière lui un drame qui a profondément marqué la communauté. “Le 8 mars est consacré à la célébration des droits des femmes, des droits souvent bafoués. Cette année, notre communauté a été bouleversée par ce drame atroce”, a souligné le recteur.
Les fonds collectés seront gérés par la CARITAS et serviront à acheter divers biens, vivres et non-vivres, y compris des pagnes, pour apporter un soutien concret aux femmes en détresse. Le territoire de Katanda, théâtre de violences depuis plusieurs décennies entre les communautés Bena Kapuya, Bena Muembia et Bena Nshimba, compte de nombreuses victimes qui ont urgemment besoin d’assistance.
Cette initiative pose des questions cruciales sur la situation des femmes en RDC. Combien de Polyvia devront encore mourir avant que des mesures concrètes ne soient prises ? Comment briser le silence qui entoure les violences conjugales ? L’action des travailleuses de l’UOM montre que la solidarité peut faire la différence, mais elle rappelle aussi l’ampleur du chemin qui reste à parcourir pour protéger les droits des femmes au Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd