Le gouvernement congolais a pris une décision radicale face aux récentes inondations qui ont frappé Kinshasa. Lors d’une réunion présidée par le chef de l’État Félix Tshisekedi à la Cité de l’Union africaine, les autorités ont annoncé la destruction imminente des habitations construites en zones interdites. Une mesure choc qui soulève autant de questions qu’elle prétend en résoudre.
Selon les dernières informations communiquées par Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, le bilan humain des inondations des 4 et 5 avril a été considérablement révisé à la hausse. On dénombre désormais 75 décès et plus de 11 000 sinistrés répartis dans quatre sites d’hébergement. Des chiffres qui illustrent l’ampleur de la catastrophe et la nécessité d’une réponse gouvernementale à la hauteur des enjeux.
« Le deuxième volet concerne la réponse gouvernementale pour s’attaquer aux causes de ces inondations. Si les catastrophes naturelles jouent un rôle, la responsabilité humaine est majeure dans cette tragédie », a déclaré le porte-parole du gouvernement. Un discours qui pointe du doigt l’urbanisation anarchique de la capitale congolaise, véritable bombe à retardement selon les experts.
La cellule de crise mise en place par la présidence devra prochainement dévoiler les modalités concrètes de cette opération de démolition. Reste à savoir comment les autorités comptent gérer le volet social de cette décision. Car derrière chaque habitation illégale se cachent des familles entières qui risquent de se retrouver à la rue. Une équation complexe que le gouvernement devra résoudre sous peine de créer une nouvelle crise humanitaire.
Cette annonce intervient dans un contexte politique sensible, à quelques mois des élections. Le président Tshisekedi joue manifestement gros sur ce dossier. D’un côté, il tente de montrer sa détermination à régler les problèmes d’urbanisme qui minent Kinshasa depuis des décennies. De l’autre, il risque de s’aliéner une partie de l’électorat populaire directement touché par ces mesures. Un pari risqué qui pourrait bien redéfinir les rapports de force dans la capitale congolaise.
Les prochains jours seront cruciaux pour évaluer l’efficacité réelle de cette politique. Entre les déclarations d’intention et la mise en œuvre concrète, il y a souvent un fossé que les gouvernements successifs ont rarement su combler. La gestion des conséquences sociales de ces démolitions constituera le véritable test pour l’administration Tshisekedi. Une chose est certaine : Kinshasa, ville en perpétuelle expansion, ne pourra plus continuer à ignorer les règles les plus élémentaires d’urbanisme.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net