L’Hôpital général de référence de Bandundu, censé être un pilier du programme de gratuité de la maternité en République Démocratique du Congo, traverse une crise sans précédent. Le manque criant d’intrants médicaux et l’absence totale de couveuses fonctionnelles mettent en péril la vie des mères et des nouveau-nés. Une situation alarmante qui interpelle les autorités sanitaires et politiques du pays.
Chaque mois, près de 150 femmes enceintes franchissent les portes de cet établissement hospitalier, espérant bénéficier des soins promis par le programme gouvernemental. Mais la réalité est tout autre. « Les stocks de médicaments sont insuffisants et la seule couveuse disponible est hors service depuis des mois », révèle une source médicale sous couvert d’anonymat. Comment dans ces conditions assurer des soins de qualité aux prématurés ? La question reste sans réponse.
Le député national Éric Kinzambi, élu de Bandundu, a décidé de briser le silence. « La situation est catastrophique », lance-t-il sans détour. Selon ses déclarations, aucun des hôpitaux de Bandundu ne bénéficierait réellement du programme de gratuité. « Ce sont les structures elles-mêmes qui se battent pour mettre en œuvre le programme avec leurs propres moyens », déplore-t-il. Un constat qui soulève des questions sur la gestion des fonds alloués à la santé maternelle et infantile en RDC.
Les conséquences de cette pénurie sont dramatiques. Les sages-femmes, non rémunérées, travaillent dans des conditions extrêmement précaires. « Les décès infantiles se multiplient à Bandundu », alerte Kinzambi. Un paradoxe cruel dans un pays où la gratuité des soins est censée être une priorité gouvernementale. L’accouchement peut bien être gratuit, mais sans médicaments ni équipements adéquats, le pronostic vital des nouveau-nés reste compromis.
La technologie médicale fait cruellement défaut dans cette région pourtant densément peuplée. « Imaginez qu’en 2023, une ville entière comme Bandundu ne dispose d’aucune couveuse fonctionnelle », s’indigne un médecin local. Ces appareils, essentiels pour les nourrissons prématurés, pourraient pourtant sauver des vies si seulement ils étaient disponibles et entretenus. Une carence qui illustre les profondes disparités dans l’accès aux soins entre les différentes régions du Congo.
Face à cette urgence humanitaire, le député Kinzambi lance un appel pressant aux autorités compétentes et aux partenaires internationaux. « Nous avons besoin d’une aide immédiate en médicaments et en équipements médicaux », insiste-t-il. Son plaidoyer rejoint les préoccupations de nombreux acteurs de la santé en RDC, qui réclament depuis des années une meilleure allocation des ressources dans le secteur médical.
Cette situation à Bandundu pose également la question plus large de la mise en œuvre effective des programmes sociaux en RDC. Entre les annonces politiques et la réalité sur le terrain, le fossé semble se creuser. Les populations continuent de payer le prix fort de ces dysfonctionnements, particulièrement dans les régions éloignées de la capitale Kinshasa.
Alors que le gouvernement congolais affiche sa volonté d’améliorer l’accès aux soins de santé, le cas de l’Hôpital général de référence de Bandundu rappelle cruellement le chemin qu’il reste à parcourir. Sans une action rapide et concrète, le programme de gratuité de la maternité risque de rester une simple promesse pour des milliers de femmes congolaises.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd