Dans un contexte marqué par une instabilité chronique dans l’est de la République Démocratique du Congo, le gouvernement multiplie les initiatives pour restaurer la paix et relancer le développement des communautés affectées. Une stratégie multidimensionnelle se déploie, combinant projets de protection sociale, réinsertion des ex-combattants et mobilisation patriotique, dans ce qui s’apparente à une course contre la montre pour stabiliser la région.
Le Projet de Stabilisation de l’Est de la RDC pour la Paix (STEP), fruit d’un partenariat entre le ministère des Finances et la Banque Mondiale, constitue l’épine dorsale de cette stratégie. Avec plus de 4000 infrastructures déjà construites dans les secteurs clés que sont l’éducation, la santé et l’accès à l’eau potable, le projet montre des résultats tangibles. Mais au-delà des bâtiments, c’est tout un écosystème de stabilisation qui se met en place, avec des transferts monétaires pour les ménages vulnérables et un soutien aux activités génératrices de revenus. La Banque Mondiale, lors d’un récent atelier de supervision, a salué les avancées tout en soulignant les défis persistants.
Dans le Nord-Kivu, épicentre des tensions, deux nouveaux projets – Reset et Munda Wani – viennent compléter ce dispositif. Pilotés par le Programme National de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation (PDDRCS), ils ciblent spécifiquement les ex-combattants, cette population charnière dont la réinsertion conditionne la paix durable. Jean des Irin Tangatita, coordonnateur national du PDDRCS, a martelé lors du lancement à Béni : “La porte reste ouverte à ceux qui hésitent encore à déposer les armes”. Un message clair, mais qui se heurte à la méfiance persistante sur le terrain.
Parallèlement à ces efforts locaux, une offensive diplomatique et patriotique se déploie vers la diaspora. D’anciens ministres comme Emmanuel Lilungango et Kassongo ont entrepris une tournée en Afrique de l’Ouest, appelant les Congolais expatriés à rejoindre les rangs des FRDC et Wazalendo. Le discours, teinté de nationalisme, reprend les thèses officielles sur l'”agression rwandaise” et le rôle du M23, dans ce qui ressemble à une tentative de mobiliser toutes les forces vives congolaises, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
La réponse populaire semble au rendez-vous, si l’on en croit les scènes observées à l’aéroport national du S Matari, où des centaines de jeunes recrues, venues notamment du Haut-Uélé, ont embarqué pour les centres de formation militaire. Le ministre provincial Afonda Fungu y a vu la preuve d’un “élan patriotique”, promettant que d’autres vagues suivront. Reste à savoir si cet enthousiasme pourra compenser les lacunes structurelles des forces armées congolaises.
Cette stratégie en trompe-l’œil, qui combine développement et militarisation, joue sur tous les tableaux. Mais derrière les annonces et les cérémonies de lancement, la question centrale demeure : ces initiatives suffiront-elles à enrayer la spirale de violence dans l’est du pays, où les causes des conflits sont autant économiques que politiques ? Le gouvernement mise sur le temps long, mais la population, elle, attend des résultats concrets et immédiats.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source:RTNC
