Dans un contexte de tensions persistantes dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Union africaine vient d’effectuer un changement stratégique dans son approche de médiation. Le président togolais Faure Gnassingbé a été officiellement désigné pour succéder au chef de l’État angolais João Lourenço, en poste depuis 2022. Cette décision, révélée par des sources diplomatiques ce lundi, intervient alors que les efforts de paix semblent marquer le pas dans cette région en proie à des conflits récurrents.
La nomination du dirigeant togolais survient à un moment critique où les relations entre Kinshasa et Kigali atteignent un niveau de tension inédit. Les autorités congolaises accusent en effet le Rwanda de soutenir la rébellion du M23 dans la province du Nord-Kivu, une allégation que Kigali rejette catégoriquement. Cette situation complexe place le nouveau médiateur devant un défi de taille, alors que les mécanismes précédents n’ont pas réussi à apporter une solution durable au conflit.
Dans une décision concomitante, le président angolais João Lourenço a mis fin aux fonctions du brigadier Daniel Raimundo Savihemba, qui dirigeait jusqu’alors le mécanisme ad hoc de vérification pour la pacification de la région Est de la RDC. Ce dispositif, mis en place dans le cadre du processus de Luanda, avait pour objectif de surveiller la cessation des hostilités et le retrait des groupes armés. Son démantèlement soulève des questions sur l’efficacité des mécanismes régionaux de résolution des conflits.
La désignation de Faure Gnassingbé est perçue par certains observateurs comme une tentative de relancer des négociations au point mort. Malgré les engagements pris dans les cadres de Luanda et de Nairobi, les avancées concrètes se font toujours attendre. Le président togolais, connu pour son expérience en matière de médiation, devra naviguer dans un environnement géopolitique particulièrement volatile.
L’Union africaine, pour sa part, n’a pas encore dévoilé les détails du mandat confié au nouveau médiateur ni le calendrier des prochaines étapes. Cette opacité suscite des interrogations quant à la stratégie que compte adopter l’organisation continentale pour résoudre ce conflit qui perdure depuis des décennies. Les acteurs locaux et internationaux attendent désormais les premières initiatives du président Gnassingbé, qui devra faire preuve de toute son habileté diplomatique pour éviter un nouvel enlisement du processus de paix.
Cette nomination intervient alors que la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC continue de se détériorer, avec des conséquences humanitaires de plus en plus préoccupantes. La communauté internationale surveille donc avec attention cette nouvelle phase de la médiation africaine, qui pourrait déterminer l’avenir de toute la région des Grands Lacs. Reste à savoir si le président togolais parviendra là où ses prédécesseurs ont échoué, dans un dossier qui mine la stabilité de toute l’Afrique centrale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd