À Bandundu, la vie s’est brutalement arrêtée. Les rues autrefois animées sont désormais plongées dans un silence pesant, ponctué seulement par les murmures inquiets des habitants. La coupure d’électricité qui frappe la ville depuis plusieurs jours a engendré une véritable crise humanitaire, affectant tous les aspects du quotidien. Comment une métropole peut-elle ainsi sombrer dans l’obscurité au 21ème siècle ?
La REGIDESO, société publique chargée de la distribution d’eau potable, est la première victime collatérale de cette panne généralisée. Sans électricité, plus de pompage, plus de traitement, plus de distribution. Les robinets sont secs, et avec eux, les espoirs de milliers de familles. « Nous consommons de l’eau des puits, non potable. Nous redoutons les maladies », confie une mère de famille du quartier périphérique de Malebo, le désespoir dans la voix. Une situation qui rappelle cruellement les défis sanitaires majeurs auxquels fait face la RDC.
Les conséquences économiques sont tout aussi dramatiques. Bureaux fermés, commerces à l’arrêt, moulins silencieux… Le tissu économique local est exsangue. « Aujourd’hui tout est modernisé, il faut de l’électricité pour travailler », explique Emmanuel Tayele, un habitant. L’administration publique elle-même est paralysée, incapable de fournir les services les plus basiques à la population. Une véritable mise en lumière des failles structurelles du pays.
Cette crise met en exergue la vulnérabilité des systèmes essentiels en RDC. L’interdépendance entre énergie, eau et activité économique apparaît au grand jour, révélant au passage l’urgence des réformes dans le secteur public. Alors que Kinshasa investit dans des grands projets d’infrastructures, comment expliquer qu’une ville comme Bandundu puisse ainsi être abandonnée à son sort ?
Les habitants, eux, oscillent entre colère et résignation. Certains parlent déjà d’exode vers d’autres villes mieux loties. D’autres, plus nombreux, espèrent simplement un retour à la normale. Mais derrière cette attente se cache une question plus fondamentale : jusqu’à quand la RDC continuera-t-elle de fonctionner au gré des pannes et des improvisations ? La lumière qui reviendra dans les foyers de Bandundu éclairera-t-elle aussi les consciences sur la nécessité d’un véritable service public digne de ce nom ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net