La tentative de relance de la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO) par la rébellion du M23/AFC dans les territoires qu’elle contrôle dans l’est de la RDC suscite une réaction ferme du gouvernement congolais. Lors d’un point presse conjoint avec le ministre de la Communication et des Médias, le vice-premier ministre chargé de l’Économie nationale, Mukoko Samba, a catégoriquement rejeté cette initiative, la qualifiant de vaine entreprise contre la souveraineté monétaire du pays.
« La souveraineté monétaire n’est pas à partager avec qui que ce soit », a martelé le VPM Mukoko Samba, rappelant le rôle central de la Banque centrale du Congo (BCC) comme unique institution faîtière du secteur bancaire national. « C’est elle le socle du système bancaire au pays, c’est elle le superviseur en chef des institutions financières », a-t-il insisté, soulignant que toute initiative parallèle serait illégitime.
Le gouvernement congolais révèle par ailleurs la situation financière précaire de la CADECO, une institution créée en 1950 mais qui, selon les autorités, « a des fonds propres négatifs » depuis plusieurs années. « Elle doit plus que ce qu’elle possède comme fonds propres », a expliqué Mukoko Samba, précisant que la CADECO avait même été exclue de la chambre de compensation des institutions financières, un mécanisme crucial pour les transactions interbancaires.
Face à cette situation, le gouvernement affirme travailler à une restructuration complète de l’institution. « Nous sommes dans la perspective de restructurer la CADECO en la recapitalisant », a indiqué le vice-premier ministre, tout en reconnaissant que l’institution « n’a plus de compte à la Banque centrale », une condition pourtant essentielle pour toute institution financière agréée.
Cette crise bancaire s’inscrit dans un contexte économique plus large marqué par une pénurie de dollars américains à Goma, où le taux de change a dépassé les 3 000 francs congolais pour un dollar, contre 2 700 francs avant la recrudescence des activités du M23. Cette rareté du billet vert, principale devise des transactions commerciales en RDC, met à mal l’économie locale déjà fragilisée par le conflit.
En mars dernier, Corneille Nangaa, figure associée à la rébellion, avait rencontré des changeurs de monnaie à Goma pour promouvoir la réouverture de la CADECO sous contrôle du M23/AFC, incitant les opérateurs économiques à y transférer leurs avoirs. Une manœuvre que Kinshasa considère comme une tentative de saper son autorité monétaire dans la région.
Alors que le gouvernement reconnaît une baisse d’activité économique dans l’Est dûe au conflit, des solutions alternatives émergent, notamment l’usage accru de la monnaie électronique. Cependant, la bataille pour le contrôle du système bancaire dans cette région stratégique semble loin d’être terminée, avec des enjeux qui dépassent largement la simple question économique pour toucher à la souveraineté nationale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd