À Beni, au Nord-Kivu, des voix s’élèvent pour défendre les droits souvent bafoués des travailleurs domestiques, majoritairement des femmes. L’Union des femmes domestiques du Congo (UFEDOC) a organisé ce mardi 15 avril une journée de réflexion et de plaidoyer pour une reconnaissance juridique de cette profession essentielle mais trop souvent invisibilisée.
« Nous sommes traitées comme des objets, pas comme des êtres humains », témoigne une participante sous couvert d’anonymat. Son récit reflète une réalité cruelle : horaires extensibles, absence de contrat, violences psychologiques et parfois physiques. Combien de fois ces femmes doivent-elles baisser la tête face aux humiliations quotidiennes ?
Lysa Bisimwa, psychologue à l’UFEDOC, alerte : « La situation des travailleuses domestiques en RDC relève de l’exploitation pure. Sans cadre légal, elles restent à la merci d’employeurs peu scrupuleux. » L’ONG presse les autorités congolaises d’adopter des réformes sensibles au genre pour protéger ces travailleuses essentielles à l’économie des ménages.
L’enjeu dépasse les simples considérations professionnelles. Ratifier les conventions 189 et 190 de l’OIT représenterait un pas historique pour la protection sociale en RDC. Ces textes reconnaissent officiellement l’apport des domestiques à l’économie mondiale – un secteur qui fait vivre des millions de familles africaines grâce aux transferts d’argent.
Dans l’est de la RDC, région marquée par les conflits, la domesticité constitue souvent le seul revenu pour des femmes vulnérables. Pourtant, leur statut précaire les expose à tous les abus. « Quand je tombe malade, personne ne me paie. Si je me plains, on me renvoie », confie une autre travailleuse domestique, résumant le cercle vicieux de la précarité.
Cette mobilisation à Beni s’inscrit dans un mouvement plus large pour les droits des femmes en RDC. Alors que le pays célèbre des avancées dans d’autres secteurs, le domaine domestique reste le parent pauvre des politiques sociales. Les organisateurs espèrent que ce plaidoyer marquera un tournant dans la reconnaissance de ces « héroïnes de l’ombre » qui font tourner les foyers congolais au péril de leur dignité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net