Dans le nord de la province du Maniema, la situation humanitaire prend des proportions dramatiques. La Société Civile Forces Vives de Lubutu tire la sonnette d’alarme : plus de 43 000 déplacés, fuyant les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 dans la région de Walikale au Nord-Kivu, ont envahi ce territoire déjà fragile. Comment une communauté locale peut-elle absorber un tel afflux sans moyens appropriés ?
« Nous sommes submergés », confie Mutoro Mumbere, président de la Société Civile Forces Vives du Maniema. Ces familles, souvent hébergées dans des abris de fortune ou chez des habitants déjà précaires, manquent de tout : nourriture, soins médicaux et même d’un toit décent. Les structures de santé locales, déjà limitées, sont au bord de l’effondrement. Les prix des denrées alimentaires flambent, plongeant toute une population dans une détresse insoutenable.
Malgré l’arrivée récente d’organisations comme Médecins Sans Frontières Espagne, l’aide reste dérisoire face à l’ampleur des besoins. « Nous multiplions les rapports pour alerter les autorités provinciales et nationales », insiste Mumbere. Mais sur le terrain, l’attente se prolonge, et la colère gronde.
Pire encore, alors que les rebelles du M23 ont quitté Walikale depuis début avril, l’insécurité persiste. Des affrontements entre factions rivales des milices Wazalendo, pourtant pro-gouvernementales, sèment la terreur parmi les déplacés et les habitants. Une violence absurde qui ajoute à la détresse d’une population déjà exsangue.
Cette crise humanitaire à Lubutu illustre tragiquement les conséquences des conflits armés dans l’Est de la RDC. Elle pose aussi une question cruciale : jusqu’à quand les populations civiles paieront-elles le prix de ces guerres sans fin ? Alors que les actualités politiques en RDC focalisent souvent sur Kinshasa, c’est dans ces zones oubliées que se joue le drame quotidien de milliers de Congolais. Une urgence qui mérite bien plus qu’un simple rapport.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd