Le territoire de Manzangu, dans la province du Kongo Central, est en passe de devenir un laboratoire vivant de l’agriculture congolaise. Sous l’impulsion du ministre du Développement Rural, Moï Donzangi, une initiative ambitieuse prend forme, marquant un tournant dans la politique agricole de la République Démocratique du Congo. Ce projet, porté par la coopérative Timbi en partenariat avec la firme italienne Amikatips, pourrait bien redessiner la carte agricole du pays.
Lancée officiellement le 10 avril 2025, cette phase expérimentale s’appuie sur un protocole d’accord signé quelques mois plus tôt en Italie. Trois variétés de pommes de terre – Rosé, Taspanta et Alicia – ont été sélectionnées pour cette première étape cruciale. L’objectif? Évaluer leur adaptation aux conditions pédoclimatiques locales et déterminer les meilleures pratiques culturales pour maximiser les rendements.
Derrière ce projet technique se cache une ambition géoéconomique majeure: faire de Manzangu un hub national de production de pommes de terre, capable d’alimenter les marchés urbains comme Kinshasa, tout en visant à terme les exportations vers l’Union Européenne. Une stratégie qui s’inscrit dans la politique de souveraineté alimentaire prônée par le gouvernement congolais.
Le dispositif mis en place est exemplaire à plus d’un titre. Il associe étroitement les inspecteurs territoriaux de l’agriculture, des étudiants mobilisés comme assistants techniques, et les premiers cultivateurs locaux. Lors de sa visite sur le terrain, le ministre Donzangi a insisté sur « l’importance capitale de cette phase test » pour l’avenir du secteur agricole congolais.
Sur le plan économique, les enjeux sont considérables. En développant une filière pomme de terre compétitive, la RDC pourrait réduire sa dépendance aux importations tout en créant des emplois ruraux. Les experts estiment que le potentiel de production pourrait couvrir jusqu’à 30% des besoins nationaux à moyen terme.
Ce projet s’inscrit dans une vision plus large de valorisation des chaînes de valeur durables. En misant sur les coopératives locales et les savoir-faire traditionnels tout en y intégrant des technologies modernes, le ministère du Développement Rural tente de concilier innovation et ancrage territorial.
Si les premiers résultats sont concluants, Manzangu pourrait devenir un modèle réplicable dans d’autres régions du pays. Une réussite qui positionnerait la RDC comme acteur émergent sur le marché régional des produits agricoles, tout en renforçant sa résilience alimentaire face aux crises internationales.
Article Ecrit par Amissi G
Source:RTNC