La province du Kasaï-Oriental se trouve une fois de plus au cœur d’une tempête politico-financière. Cette fois, c’est la gestion des 50 millions de dollars promis par le Président Félix Tshisekedi pour la relance de la MIBA qui suscite interrogations et suspicions. Annoncés en grande pompe en décembre 2024, ces fonds destinés à redonner vie à l’ancien fleuron minier de la région traînent visiblement à produire les effets escomptés.
Quatre mois après l’annonce présidentielle, le silence autour de l’utilisation concrète de cette manne financière commence à faire grincer des dents. Les acteurs de la société civile s’impatientent et certains n’hésitent pas à parler de détournement. « Nous avons appris qu’il y a plusieurs voyages de certains responsables de la société, mais cela est improductif après 4 mois », dénonce un membre de la société civile sous couvert d’anonymat. Une accusation qui prend d’autant plus de poids que le député national Serkas Kasanda a officiellement interpellé le ministre du Portefeuille sur un possible détournement de 2,1 millions de dollars.
Face à ces accusations, les responsables du projet de relance se veulent rassurants. Selon des sources proches de l’Unité de Gestion du Projet (UGP-MIBA), les fonds seraient toujours intacts et placés sous la stricte supervision du ministre des Finances. « Aucun mouvement n’est autorisé sans son approbation », précisent-elles. Quant aux voyages controversés en Afrique du Sud, à Lubumbashi et au Botswana, ils seraient des missions d’étude indispensables, financées par le Trésor public et non par les fonds de relance. Objectif affiché : s’inspirer des modèles de gestion qui ont fait leurs preuves ailleurs, notamment au Botswana.
Reste que cette défense peine à convaincre totalement. Dans une région où la MIBA représente bien plus qu’une simple entreprise minière – un symbole de fierté et de prospérité passée – la population attend des actes concrets. Le gouvernement joue ici un pari risqué : celui de la transparence dans un contexte où la méfiance envers la gestion des deniers publics est profondément ancrée. Les mécanismes de contrôle mis en place par les ministères concernés seront-ils suffisants pour apaiser les craintes ?
L’enjeu dépasse largement la simple relance économique. Il s’agit ni plus ni moins de la crédibilité de l’action gouvernementale dans une province clé. Le Chef de l’État, qui a fait de la lutte contre la corruption un axe majeur de son mandat, ne peut se permettre un nouveau scandale financier. D’autant que la MIBA, au bord de la faillite depuis deux décennies, incarne les espoirs déçus de toute une région. La balle est désormais dans le camp des autorités : elles devront très vite apporter des preuves tangibles de la bonne utilisation des fonds si elles veulent éviter que cette affaire ne se transforme en nouvelle crise de confiance.
Entre temps, la société civile promet de maintenir la pression. « Nous ne devons pas rester dans la distraction. Nous devons rester vigilants », prévient l’acteur associatif interrogé. Un avertissement qui sonne comme un ultimatum adressé aux responsables du projet. Dans les prochaines semaines, soit les premiers résultats concrets de la relance viendront étouffer la polémique naissante, soit les accusations de détournement prendront le pas sur le discours officiel. Un scénario que l’exécutif congolais ne peut visiblement pas se permettre à l’approche des prochaines échéances électorales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd