Dans un contexte où de nombreuses régions de la République Démocratique du Congo font face à des défis sécuritaires et logistiques majeurs, une lueur d’espoir apparaît pour les enseignants des zones sous occupation. Ce 13 avril 2025 marque en effet le début d’une solution innovante pour le paiement de leurs salaires : la monnaie électronique. Une mesure palliative qui pourrait bien changer la donne pour ces fonctionnaires souvent oubliés.
Comment assurer le versement régulier des salaires dans des territoires où l’État peine à maintenir une présence effective ? Cette question cruciale a fait l’objet d’une réunion d’urgence réunissant plusieurs acteurs clés. Parmi eux, Bonifas Mbaka, directeur chef de service de la DNACOP, ainsi que des représentants de l’intersyndicale du député provincial du Nord-Kivu et de la Caritas. Cette dernière organisation joue déjà un rôle pivot dans le système de paie de ces zones sensibles.
Le mécanisme mis en place est à la fois simple et ingénieux. La Caritas, en collaboration avec les autorités provinciales, retire les fonds nécessaires et les transfère aux enseignants via le mobile money. Une solution qui contourne habilement les obstacles liés au transport physique d’argent dans des régions où la sécurité n’est pas toujours garantie. « C’est une bouffée d’oxygène pour nos enseignants qui, malgré des conditions de travail extrêmement difficiles, continuent d’assurer l’éducation des enfants », confie un représentant du Nord-Kivu sous couvert d’anonymat.
Si cette initiative est saluée comme une avancée significative, les acteurs concernés rappellent qu’il ne s’agit là que d’une solution temporaire. La digitalisation complète du système d’information de la paie reste l’objectif ultime pour garantir une gestion transparente et efficace des salaires de tous les fonctionnaires de l’État, y compris dans les zones les plus reculées du pays. Un chantier ambitieux qui nécessitera du temps et des moyens conséquents.
Cette mesure témoigne néanmoins d’une prise de conscience des autorités congolaises quant à l’urgence de soutenir ces enseignants qui maintiennent coûte que coûte le système éducatif dans des conditions souvent héroïques. Alors que les défis sécuritaires et logistiques persistent dans plusieurs provinces de la RDC, le recours aux technologies financières pourrait bien ouvrir la voie à d’autres innovations dans la gestion des services publics.
Entre solution d’urgence et transformation durable, le cas des enseignants des zones sous occupation pose une question plus large : comment moderniser l’administration publique congolaise pour qu’elle puisse servir tous les citoyens, où qu’ils se trouvent sur le territoire national ? La réponse, partielle aujourd’hui avec le mobile money, devra sans doute intégrer demain d’autres aspects de la révolution numérique en cours en RDC.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: RTNC