Dans la commune rurale de Popokaba, province du Kwango, une crise humanitaire silencieuse se déroule loin des projecteurs médiatiques. Depuis cinq mois, 10 632 déplacés en provenance des groupements Ngowa, Ikomba, Lusanga et Kasinzi survivent dans des conditions précaires à la mission catholique d’Ipongi. Ces familles ont fui leurs villages après les violentes incursions des miliciens Mobondo et les affrontements avec l’armée congolaise qui tente de rétablir l’ordre dans la région.
« Nous avons tout abandonné derrière nous », confie une mère de famille sous le couvert de l’anonymat, son regard perdu vers l’horizon. « Ici, nous dormons à même le sol, les enfants tombent malades, mais nous n’avons même pas de quoi les soigner. » Ce témoignage poignant illustre le calvaire vécu par ces milliers de Congolais déracinés par les violences intercommunautaires.
L’Association nationale des victimes au Congo (ANVC) tire la sonnette d’alarme face à cette situation critique. Symphorien Kwengo, son président provincial, s’interroge : « Comment expliquer que dans un pays aussi riche que le nôtre, des citoyens puissent vivre dans une telle détresse sans aucune assistance ? » Ses questions résonnent comme un cri d’alarme face à l’inaction des autorités et des organisations humanitaires.
La situation devient intenable pour les familles d’accueil elles-mêmes, déjà vulnérables. « Nous partageons le peu que nous avons, mais bientôt, nous n’aurons plus rien à donner », explique un habitant d’Ipongi. Cette solidarité spontanée montre les limites face à une crise qui s’installe dans la durée.
Les territoires de Kenge et Popokaba, théâtres récurrents de l’insécurité causée par la milice Mobondo, semblent oubliés des programmes d’aide. Pourtant, les besoins sont criants : nourriture, abris décents, soins médicaux et soutien psychologique pour ces populations traumatisées par les violences.
Cette situation pose des questions fondamentales sur la gestion des crises humanitaires en RDC. Alors que le pays fait face à de multiples foyers de tension, la coordination entre gouvernement, organisations internationales et société civile reste un défi majeur. Quand l’aide arrivera-t-elle enfin pour ces déplacés du Kwango ? La réponse à cette question pourrait bien révéler la capacité de la RDC à protéger ses citoyens les plus vulnérables.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd