28.2 C
Kinshasa
mardi, avril 15, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSociétéMbuji-Mayi assoiffée : Comment la capitale du diamant a perdu son eau

Mbuji-Mayi assoiffée : Comment la capitale du diamant a perdu son eau

Les rues poussiéreuses de Mbuji-Mayi, capitale diamantifère du Kasaï-Oriental, portent désormais les stigmates d’une crise silencieuse mais dévastatrice. Depuis plus d’un mois, près d’un million d’habitants affrontent une pénurie d’eau potable sans précédent, transformant le quotidien en parcours du combattant.

« Je me lève à 4h30 pour faire la queue au seul point d’eau encore fonctionnel de notre quartier », témoigne Aimé Nzeba, père de cinq enfants dans le quartier Dipumba. Comme des milliers de concitoyens, il parcourt désormais des kilomètres chaque matin, bidon à la main, dans une quête épuisante du précieux liquide. Le prix du bidon de 20 litres a quadruplé, passant de 500 à 2 000 francs congolais, alourdissant dramatiquement le budget des familles déjà fragilisées par l’inflation.

La REGIDESO, société publique en charge de la distribution d’eau dans trois provinces, pointe du doigt un cercle vicieux infrastructurel. « La SNEL ne nous fournit que 30% de l’électricité nécessaire », déplore Didier Mbudi Lelo, directeur régional. La panne d’un groupe motopompe crucial a réduit la production à 400 m³/h, soit moins de la moitié de la capacité normale. Résultat : les rotations d’approvisionnement sont passées de 7 à 3 heures quotidiennes, laissant des quartiers entiers à sec.

Cette crise hydrique révèle des fractures plus profondes. Comment une ville aussi stratégique que Mbuji-Mayi, poumon économique du Kasaï, peut-elle basculer si rapidement dans une telle précarité ? Les experts pointent l’absence criante d’investissements dans les infrastructures depuis des décennies, malgré les richesses minières de la région.

Le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa parle d’« urgence vitale », mais les solutions tardent à venir. Pendant ce temps, les femmes et les enfants continuent de sacrifier leur temps et leur santé à la recherche d’eau, tandis que les risques sanitaires augmentent. Les dispensaires locaux signalent déjà une recrudescence des maladies hydriques.

Cette crise multidimensionnelle pose une question fondamentale : jusqu’à quand les Congolais devront-ils payer le prix des défaillances structurelles de leurs services publics ? Alors que la saison sèche s’intensifie, Mbuji-Mayi devient le triste symbole d’un pays où l’accès à l’eau, droit constitutionnel, reste un privilège aléatoire.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


A la une Actualité RDC

Derniers Appels D'offres