Kolwezi, épicentre économique du Lualaba, marque un tournant stratégique avec le lancement du Grand Salon de l’Agriculture Business. Cet événement, orchestré par la gouverneure Fifi Masuka Saini, illustre la volonté de la province de rééquilibrer son économie, traditionnellement dominée par l’extraction minière, vers une diversification agricole ambitieuse. Dans une région où le sous-sol a longtemps dicté la croissance, cette initiative ouvre un nouveau chapitre de développement.
Le salon, bien plus qu’une vitrine, se positionne comme un catalyseur pour l’agribusiness et les technologies agricoles en RDC. Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables – soit près de 40% du potentiel africain – la République Démocratique du Congo dispose d’un atout majeur encore sous-exploité. Mulumbachi Serge, coordonnateur de la réserve stratégique générale, a martelé lors de son intervention : « La souveraineté alimentaire passe par une chaîne de valeur locale intégrée : produire, transformer et consommer congolais ». Un discours aligné sur la vision présidentielle de Félix Tshisekedi.
L’engagement concret de la réserve stratégique change la donne pour les agriculteurs locaux. En s’engageant comme acheteur unique de la production paysanne, l’institution crée un filet de sécurité économique tout en stimulant l’augmentation des rendements. Cette approche répond à un double défi : réduire la dépendance aux importations alimentaires (qui pèsent près de 1,5 milliard USD annuels) et créer des emplois en milieu rural.
La programmation du salon reflète cette ambition multidimensionnelle : expositions technologiques, visites de fermes modèles et panels d’experts tissent une synergie entre savoir-faire traditionnel et innovations. Les technologies d’irrigation solaire, les systèmes de stockage post-récolte et les plateformes de marché digitales figurent parmi les solutions présentées pour booster la productivité.
Cette mutation économique intervient dans un contexte minier volatile où les cours des métaux fluctuent au gré des marchés internationaux. Le Lualaba, qui contribue à hauteur de 15% au PIB minier national, démontre ainsi une maturité économique en misant sur la complémentarité secteurs primaires. Une stratégie gagnante à moyen terme, selon les analystes, car chaque dollar investi dans l’agriculture génère 2,5 fois plus d’emplois que dans le secteur extractif.
Reste à savoir si cette dynamique pourra s’étendre à l’échelle nationale. Avec seulement 10% des terres arables exploitées actuellement, la RDC dispose d’une marge de progression colossale. Le modèle du Lualaba, s’il prouve son efficacité, pourrait inspirer d’autres provinces minières comme le Haut-Katanga ou le Sud-Kivu à répliquer cette approche équilibrée. La sécurité alimentaire du pays – où 27 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire selon la FAO – en dépend directement.
Article Ecrit par Amissi G
Source: RTNC