Une situation inédite a secoué la ville de Ngandajika dans la province de Lomami, où des patients en colère ont manifesté devant les bureaux de la Direction générale des impôts (DGI). Cette action fait suite à une intervention controversée des agents fiscaux à l’hôpital Notre-Dame de Guadalupe, un établissement géré par les Sœurs salésiennes et intégré au système de santé national de la RDC.
Selon plusieurs témoignages, les agents de la DGI ont procédé jeudi 10 avril à une saisie jugée brutale des biens mobiliers de l’hôpital, réclamant le paiement rétroactif de l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) pour quatre années. Le Dr Philémon Mariero, directeur de l’établissement, dénonce des méthodes inacceptables : « Ils ont interrompu une intervention chirurgicale en cours, provoqué un attroupement et expulsé les patients, y compris des cas post-opératoires. Certains malades ont vu leur état s’aggraver à cause de ce déplacement forcé ».
Cette situation a provoqué l’indignation des patients et de la population locale, qui ont organisé un sit-in le lendemain pour exiger la réouverture immédiate du centre hospitalier. « Comment peut-on priver une communauté entière d’accès aux soins pour des questions fiscales ? » s’interroge un manifestant sous le couvert de l’anonymat.
Les versions divergent quant aux circonstances exactes de l’intervention. Si la direction de l’hôpital parle de « scellement » de l’établissement, les agents fiscaux, sous anonymat, contestent cette version. Ils reconnaissent cependant la saisie de biens, justifiée selon eux par un défaut de paiement de l’impôt depuis 2019. « Aucun document justificatif n’a été fourni par l’établissement lors de nos contrôles antérieurs », affirme un agent de la DGI.
Face à cette crise, Samuel Kalombo, administrateur du territoire chargé de l’économie, a convoqué d’urgence une réunion entre les parties concernées. « La priorité absolue est la santé des patients. Les questions fiscales doivent être traitées sans compromettre les services médicaux essentiels », a-t-il déclaré, appelant au calme et à la raison.
Cette affaire soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre les obligations fiscales et l’accès aux soins de santé en RDC. L’hôpital Notre-Dame de Guadalupe, construit grâce au projet Ditunga, représente souvent le seul recours médical pour des milliers d’habitants de la région. Comment concilier le respect des lois fiscales avec la préservation des services de santé vitaux ? Cette interrogation reste au cœur des discussions en cours entre les autorités locales et les gestionnaires de l’hôpital.
Alors que la tension reste palpable à Ngandajika, la population espère une résolution rapide de ce conflit. Les malades, particulièrement vulnérables, attendent avec anxiété la reprise normale des activités médicales dans cet établissement qui joue un rôle clé dans le système de santé de la Lomami.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
