Dans l’effervescence culturelle de Kinshasa, une alchimie artistique se prépare pour le vendredi 18 avril à l’Académie des Beaux-Arts. Le slameur Youssef Branh et le groupe Yotsi s’apprêtent à brouiller les frontières entre poésie et musique lors d’un concert inédit qui promet d’embraser les sens. Plus qu’un spectacle, cet événement se veut une expérience immersive où les mots danseront avec les notes dans une symbiose parfaite.
« Ce n’est pas un concert de slam, mais un concert poétique », révèle Youssef Branh avec une pointe de mystère. Le texte-fleuve qui servira de trame à cette performance contiendra aussi un message poignant sur les drames qui secouent l’Est de la RDC. Sans en faire l’étendard principal, les artistes insuffleront à leur création une dimension humaniste et engagée, caractéristique de la scène culturelle congolaise contemporaine.
Face à la puissance verbale de Branh, le groupe Yotsi apportera son énergie musicale sans frontières. Composé de Linda, Tychick, Leah et Jephté, cette formation incarne le brassage culturel qui fait la richesse de Kinshasa. Leur musique puise autant dans les chœurs gospel des églises que dans les rythmes endiablés des fêtes de quartier, créant une identité sonore aussi singulière qu’envoûtante.
Leur parcours musical ressemble à une odyssée à travers les influences : des bancs des chorales paroissiales aux découvertes numériques, en passant par les rituels familiaux. Cette diversité a forgé leur credo artistique : « No borders ». Une philosophie qui prend corps dans leur premier album « Maisha », produit sous la houlette d’Eric Malu Malu du centre Kinarmonik, et qui a déjà séduit des pointures internationales comme Ray Lema.
Ce concert à l’Académie des Beaux-Arts s’annonce comme un moment charnière pour la scène culturelle congolaise. Loin des formats traditionnels, Youssef Branh et Yotsi proposent une expérience totale où la poésie devient musique et la musique se fait poésie. Dans une RDC en quête de récits fédérateurs, cette performance offre un espace de création libre et audacieux, à l’image de la vitalité artistique qui pulse dans les veines de Kinshasa.
Entre tradition et modernité, entre engagement et esthétisme, ce rendez-vous artistique pourrait bien marquer un tournant dans la manière d’appréhender les croisements disciplinaires. Les spectateurs sont conviés à un voyage sensoriel où chaque mot résonnera comme une note, et chaque note parlera comme un vers. Une invitation à ressentir l’art bien au-delà des catégories établies.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd