L’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo a marqué un tournant décisif ce vendredi 11 avril en approuvant les conclusions du rapport de la commission spéciale et temporaire sur les dossiers sensibles de promotion, de mise à la retraite et de recrutement des magistrats de la Cour des Comptes. Cette décision, qui intervient dans un contexte institutionnel tendu, révèle les fissures au sein d’une des plus hautes instances de contrôle des finances publiques.
Le député Paul Gaspard Ngondankoy, rapporteur de la commission, a exposé avec une précision chirurgicale les limites rencontrées par les parlementaires. « Votre Commission a minutieusement examiné les pièces de différents dossiers des magistrats », a-t-il déclaré, avant d’ajouter avec une ironie à peine voilée : « et a relevé la difficulté de statuer, à ce stade, sur lesdits dossiers ». Un aveu d’impuissance qui en dit long sur l’opacité du processus.
La proposition phare du rapport – la création d’une commission d’enquête parlementaire – constitue un véritable coup de semonce dans le paysage politique congolais. Cette initiative, fondée sur l’article 178 alinéa 2 de la Constitution, vise à éclaircir les zones d’ombre entourant la gestion des ressources humaines au sein de la Cour des Comptes. Une institution pourtant censée incarner la transparence dans la gestion des deniers publics.
La demande de surséance de l’exécution du Procès-Verbal du Conseil supérieur de la Cour des Comptes ajoute une dimension dramatique à ce feuilleton institutionnel. Le Premier Président de la Cour se trouve ainsi dans une position délicate, pris entre le respect des procédures établies et la pression parlementaire grandissante.
La composition de la commission spéciale, avec à sa tête le député Ngondankoy et la députée Bazizane Maheshe Adèle comme première vice-présidente, témoigne de l’importance accordée à ce dossier. Les noms des rapporteurs, Jean Louis Kalamba Nginfu et Albert Iwondo Ilonga, garantissent théoriquement une approche rigoureuse de l’enquête à venir.
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs en RDC. Jusqu’où l’Assemblée nationale peut-elle aller dans le contrôle d’une institution indépendante comme la Cour des Comptes ? La création d’une commission d’enquête représente-t-elle une saine vérification des pouvoirs ou une ingérence dangereuse dans le fonctionnement de la justice financière ?
Les prochaines semaines seront cruciales pour comprendre l’impact réel de cette décision sur la gouvernance en RDC. Entre actualités politiques RDC et enjeux institutionnels, ce dossier pourrait bien devenir le symbole des tensions entre transparence et tradition administrative dans le pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd