Alors que les tensions politiques s’accentuent en République Démocratique du Congo, une voix religieuse se distingue dans le débat sur la légitimité du président Félix Tshisekedi. Monseigneur Ejiba Yamapia, président de la plateforme des confessions religieuses, a récemment pris position contre les appels à la démission du chef de l’État, qualifiant ces demandes d’« injustes » dans un contexte de crise multidimensionnelle qui perdure depuis trois décennies.
Dans une déclaration faite à Washington D.C. lors d’une tournée diplomatique, le prélat a rappelé avec force le principe fondamental de la démocratie : « Lors des élections de décembre 2023, le peuple congolais s’est exprimé à 73% en accordant un second mandat à Félix Tshisekedi. C’est cela la démocratie : la voix de la majorité populaire. » Cette remarque, aussi simple que percutante, vient rappeler aux détracteurs du président que la légitimité politique se mesure d’abord aux urnes.
L’évêque Yamapia ne s’est pas contenté de défendre la légitimité électorale du président. Il a également dénoncé ce qu’il considère comme une simplification excessive des défis congolais : « Vous ne pouvez pas accuser quelqu’un qui hérite d’une situation vieille de près de 30 ans, et lui imputer en seulement cinq ans tous les maux de la République. » Cette analyse rejoint celle de nombreux observateurs politiques qui soulignent la complexité des crises en RDC, où les problèmes de sécurité dans l’Est du pays et les difficultés économiques trouvent leurs racines dans des décennies de mauvaise gouvernance et de conflits régionaux.
Face aux accusations de collusion entre certaines Églises et le pouvoir politique, Monseigneur Yamapia a fermement rejeté toute allégeance partisane : « Nous répondons à la loi fondamentale, mais aussi à la loi divine. Toute autorité vient de Dieu. » Cette déclaration, qui pourrait paraître surprenante dans un débat politique, révèle en réalité l’influence considérable des institutions religieuses dans le paysage sociopolitique congolais. Le prélat précise cependant que ce soutien institutionnel n’exclut pas la critique constructive, évoquant notamment le mécanisme des consultations comme espace de dialogue.
Pendant ce temps, l’opposition congolaise maintient sa pression. Des figures comme Delly Sesanga continuent de pointer du doigt ce qu’ils considèrent comme des échecs du gouvernement, notamment sur des dossiers sensibles comme l’adhésion à la Communauté de l’Afrique de l’Est ou la création d’une réserve armée de défense. Ces critiques soulèvent une question fondamentale : dans un contexte aussi complexe que celui de la RDC, quelle est la part de responsabilité réelle d’un gouvernement face à des problèmes structurels hérités ?
Alors que le second mandat de Félix Tshisekedi doit théoriquement s’achever en 2028, ce débat sur la responsabilité politique promet de s’intensifier. Entre légitimité démocratique et exigences de résultats tangibles, le président congolais devra naviguer sur une ligne de crête particulièrement étroite. La position des institutions religieuses, influentes en RDC, pourrait jouer un rôle déterminant dans cette équation politique complexe.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd