Dans un contexte où les pourparlers de paix entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23 devraient s’ouvrir à Doha, l’ancien député provincial Aisé Kanendu a lancé un cri d’alarme ce vendredi 11 avril. Selon lui, plusieurs villages du territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, sont tombés sous le contrôle des rebelles après de violents affrontements avec les combattants Wazalendo. Les localités de Kasenge, Lughanga, Kiuto, Kasiki, Mukeberwa, Bwavinwa et Pita Congo seraient désormais sous occupation du M23, une avancée qui met en lumière les failles persistantes de la stratégie sécuritaire congolaise.
Les conséquences de ces attaques sont lourdes : trois civils ont été tués de manière brutale, cinq autres blessés par balles, sans compter les pillages systématiques de biens et de bétail. Ces événements surviennent à un moment critique, alors que Kinshasa s’apprête à engager des discussions directes avec les rebelles. Une situation qui, selon Kanendu, exige une clarification urgente des intentions gouvernementales. « Le gouvernement congolais ne devrait pas engager le dialogue direct avec les éléments du M23, sans se rassurer de l’effectivité du cessez-le-feu et des garanties de l’aboutissement heureux du processus de négociations », a-t-il déclaré, pointant du doigt une approche qu’il juge précipitée.
Mais au-delà des questions sécuritaires, l’ancien député fustige ce qu’il qualifie de « tâtonnements judiciaires, politiques, diplomatiques et militaires ». Pour lui, ces hésitations sapent la confiance de la population et minent les efforts de pacification. « Toutes ces options ne peuvent pas être levées concomitamment, car les unes bloquent les autres », assène-t-il, appelant à une coordination sans faille entre les différents leviers de l’État. Un plaidoyer qui résonne comme une critique voilée de la gestion chaotique de ce dossier sensible.
La situation dans l’Est de la RDC, déjà marquée par des années de conflits et d’instabilité, semble ainsi s’enliser dans un cycle de violence sans fin. Les récentes avancées du M23 dans le Nord-Kivu illustrent cruellement les limites des stratégies actuelles. Alors que la communauté internationale observe avec inquiétude les développements sur le terrain, une question demeure : le gouvernement congolais parviendra-t-il à inverser la tendance, ou assiste-t-on à un nouvel échec des mécanismes de paix ?
Dans ce contexte, l’appel d’Aisé Kanendu pour une approche claire et coordonnée prend tout son sens. Reste à savoir si Kinshasa saura tirer les leçons des erreurs passées et proposer une feuille de route crédible pour mettre fin à ce conflit qui ravage la région depuis trop longtemps. Les prochains jours, à Doha, seront déterminants pour l’avenir du Nord-Kivu et, plus largement, pour la stabilité de toute la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
