Dans un écrin de tranquillité au cœur de Limete, loin de l’agitation frénétique de Kinshasa, dix cinéastes congolais vivent une expérience transformative. La résidence Lisapo Film Lab, initiée le 5 mars dernier, approche de son terme après six semaines d’immersion créative. Entre les murs de ce laboratoire artistique, les scénarios prennent vie, se déconstruisent et se reconstruisent sous le regard expert de formateurs chevronnés.
Gustave Fundi, l’un des bénéficiaires, décrit cette expérience comme un électrochoc créatif : « Ça m’a boosté, permis d’apprendre, de revoir mon projet conçu il y a des années avec ses failles. J’ai pu disséquer et reconstruire mon récit efficacement. » Son long métrage « Nkishi » a subi une métamorphose radicale, passant d’une quête de cinq masques à une intrigue centrée sur un seul objet rituel, renforçant ainsi la tension dramatique.
Le processus créatif devient ici une opération chirurgicale. Bryan Batupe, autre participant, compare le travail d’écriture à une intervention médicale : « Nous sommes comme des infirmiers traitant des maladies. Nous analysons chaque projet comme un squelette à opérer, cherchant chaque détail avec précision. Une erreur serait fatale. » Son court métrage « Mokano », explorant la collision entre technologie et mysticisme, a gagné en profondeur grâce à ce travail minutieux.
La résidence agit comme un catalyseur pour le cinéma congolais, comblant un vide criant dans l’accompagnement des créateurs. Primo Mauridi, dont le film expérimental « Ngozi avec surface » questionne la mémoire corporelle, voit en cette initiative « une source d’eau au milieu du désert ». Pour ces artistes, Lisapo Film Lab représente bien plus qu’une formation : c’est l’espoir d’une industrialisation du 7ème art en RDC, capable de porter la riche culture congolaise sur la scène internationale.
Parmi les 49 projets soumis, seulement 10 ont été retenus pour cette édition pilote, dont 5 longs métrages et 3 courts métrages soigneusement sélectionnés. Notons la présence de deux femmes cinéastes, marquant un pas vers une meilleure représentativité dans l’industrie du cinéma en RDC.
Alors que la résidence touche à sa fin, une question persiste : cette initiative saura-t-elle insuffler un vent durable de renouveau dans le paysage cinématographique congolais ? Les participants, unanimes, y voient le point de départ d’une révolution culturelle. Gustave Fundi conclut avec espoir : « J’espère que cette première édition ouvrira les yeux de nombreux jeunes et que le cinéma congolais trouvera enfin son identité dans l’industrie mondiale. »
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
