Malgré un contexte sécuritaire toujours fragile et la fermeture des banques à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, une lueur d’espoir économique émerge dans les zones sous contrôle rebelle. Les indicateurs du climat des affaires affichent une reprise progressive, selon plusieurs sources locales interrogées par CongoQuotidien.com. Cette résilience inattendue mérite analyse.
Les opérateurs économiques de la région rapportent une relance notable des activités, particulièrement dans le petit commerce et la production locale. Plusieurs PME ont redémarré leurs activités dans les secteurs des services et de l’agroalimentaire. Un facteur clé explique cette dynamique : le rétablissement partiel de l’approvisionnement en électricité, élément vital pour les unités de production.
Face à la pénurie de liquidités causée par la fermeture des banques, les entrepreneurs ont développé des stratégies alternatives ingénieuses. « Nous nous approvisionnons principalement à Beni, mais aussi dans les pays voisins comme le Rwanda, l’Ouganda ou la Tanzanie », confie un grossiste en produits de première nécessité. Cette circulation transfrontalière des marchandises compense partiellement l’asphyxie monétaire.
Le mobile money et les paiements en ligne connaissent une adoption massive, devenant le principal canal pour les transactions commerciales et l’achat de matières premières. Cette digitalisation forcée des échanges pourrait bien laisser une empreinte durable sur les pratiques économiques régionales.
Cependant, cette embellie relative ne doit pas masquer les défis persistants. Les commerçants de Goma observent une baisse inquiétante de la consommation. « Le départ des déplacés de guerre vers leurs villages d’origine a réduit notre clientèle », déplore une vendeuse du marché de Virunga. Paradoxalement, ces populations déplacées constituaient un levier économique via les achats effectués par les organisations humanitaires.
Parmi les bonnes nouvelles, les opérateurs économiques saluent la suppression récente de nombreuses barrières illégales. Cette mesure a significativement réduit les tracasseries administratives et les coûts de transport, fluidifiant ainsi les échanges commerciaux dans la région.
Cette situation économique contrastée soulève plusieurs questions : cette reprise fragile pourra-t-elle résister aux aléas sécuritaires ? L’économie informelle parviendra-t-elle à compenser indéfiniment l’absence de structures bancaires ? La communauté internationale suivra-t-elle ces développements économiques avec autant d’attention qu’elle suit les aspects sécuritaires ?
Alors que le Nord-Kivu tente de panser ses plaies, cette résilience économique spontanée démontre la capacité d’adaptation remarquable des entrepreneurs congolais. Un phénomène à suivre de près, car il pourrait bien dessiner les contours d’un nouveau modèle économique pour les régions en crise.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
