La province de l’Ituri, en République Démocratique du Congo, fait face à une situation humanitaire alarmante avec la recrudescence des avortements criminels dans les zones de santé de Mangala et Mungwalu, territoire de Djugu. Selon les révélations du bureau de la Division du genre, famille et enfants, au moins une dizaine de décès ont été enregistrés depuis le début de l’année 2025, conséquence directe de ces pratiques illégales et dangereuses.
Les autorités locales tirent la sonnette d’alarme face à cette crise sanitaire qui touche particulièrement les adolescentes. Dans une interview exclusive accordée à Radio Okapi, Ruth Biwaga, responsable du bureau de la division du genre à Djugu, a exprimé sa profonde préoccupation. « Nous avons déjà répertorié au moins dix décès, soit de la mère, soit de l’enfant, en l’espace de trois mois seulement », a-t-elle déclaré, soulignant que ces chiffres ne reflètent probablement qu’une partie de la réalité.
Cette situation dramatique trouve ses racines dans un contexte socio-économique particulièrement difficile. Les sites miniers de la région, où l’autorité de l’État peine à s’imposer, deviennent le théâtre de violences sexuelles systématiques contre les mineures. Contraintes par la pauvreté, nombreuses sont les adolescentes qui se livrent à la prostitution ou travaillent sous la coupe des miliciens, exposées à tous les dangers.
Face aux grossesses non désirées qui en résultent, ces jeunes filles recourent à des méthodes abortives clandestines, souvent dans des conditions sanitaires désastreuses. « Les victimes utilisent des méthodes contraceptives inappropriées pour provoquer l’avortement, ce qui les conduit parfois à la mort », explique Ruth Biwaga. Les pharmacies locales deviennent malheureusement le dernier recours pour ces pratiques à haut risque.
Le médecin-chef de la zone de santé de Mangala reconnaît l’insuffisance des moyens de prise en charge disponibles. Dans un contexte où les structures sanitaires manquent cruellement de ressources, la prévention apparaît comme l’arme principale contre ce fléau. Avec l’appui des organisations humanitaires, des campagnes de sensibilisation vont être intensifiées pour alerter la population sur les dangers des avortements clandestins.
Cette crise met en lumière les défis multiples auxquels fait face la région de l’Ituri : insécurité persistante, exploitation minière artisanale non contrôlée, absence des services de l’État et précarité économique extrême. La situation appelle une réponse urgente et coordonnée des autorités congolaises et de la communauté internationale pour protéger ces jeunes vies et rétablir l’accès aux soins de santé reproductive.
Alors que la RDC continue de faire face à de nombreux défis humanitaires, cette actualité tragique dans le territoire de Djugu rappelle cruellement la vulnérabilité des populations, particulièrement des femmes et des jeunes filles, dans les zones où l’État peine à assurer sa présence et sa protection.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net