Dans un contexte sécuritaire tendu, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a lancé un appel martial aux jeunes du Haut-Katanga lors de sa visite officielle à Lubumbashi ce mercredi 9 avril. Un discours aux accents patriotiques qui sonne comme une mobilisation générale face à une menace extérieure non nommée, mais clairement désignée comme « l’ennemi ».
« Nous vivons déjà ce que subissent nos frères et sœurs dans les provinces occupées : chaque jour, c’est la mort, chaque jour, c’est la terreur », a déclaré le ministre, dans une rhétorique qui rappelle étrangement les heures sombres des conflits régionaux. Le ton est donné : le Katanga serait la prochaine cible d’agresseurs avides de « piller les richesses de la région ». Une analyse qui, sans citer nommément les acteurs, pointe implicitement vers les tensions frontalières récurrentes dans cette région minière stratégique.
Le ministre de l’Intérieur a-t-il franchi la ligne rouge de la diplomatie congolaise en tenant un tel discours ? Son appel à l’unité nationale, comparant la situation actuelle à la résistance des pères de l’indépendance et à l’ère Mobutiste, interroge sur la lecture sécuritaire que fait le gouvernement des enjeux katangais. Une province riche, convoitée, mais aussi historiquement turbulente.
Sur le terrain opérationnel, Jacquemain Shabani a supervisé le déploiement de l’opération Ndombo, présentée comme une réponse musclée à la criminalité locale. Une initiative qui soulève des questions sur les méthodes employées, alors que les organisations de défense des droits humains alertent régulièrement sur les dérives sécuritaires.
En parallèle, le ministre a lancé un vaste programme de formation à la « nouvelle gouvernance sécuritaire », impliquant directement les communautés locales. Plus de 500 membres formés selon les chiffres officiels, mais pour quel impact réel ? Dans une région où la méfiance envers les forces de l’ordre reste palpable, ce modèle participatif peut-il vraiment changer la donne ?
Entre discours martial et réformes sécuritaires, la visite du ministre Shabani au Katanga dessine les contours d’une stratégie gouvernementale à double détente : mobiliser la population contre des menaces externes tout en tentant de rétablir l’autorité de l’État à l’intérieur. Un équilibre périlleux, alors que la région reste un baromètre sensible de la stabilité nationale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net