La province du Kwilu est en proie à une tempête médiatique sans précédent depuis les élections des gouverneurs et sénateurs du 2 avril dernier. Les réseaux sociaux congolais bruissent d’accusations de corruption, mettant en cause plusieurs élus locaux. Ces derniers seraient impliqués dans des transactions douteuses, ayant perçu des fonds en échange de voix, sans toutefois respecter les engagements pris envers leurs donateurs.
Une vidéo particulièrement virale circule depuis quelques jours, montrant un groupe de jeunes, dont l’un arborant fièrement le maillot des Léopards de la RDC, réclamant avec insistance le remboursement d’une somme d’argent à un individu identifié comme le député provincial Arthur Laku. Selon ces jeunes militants, cet argent aurait été perçu auprès du candidat sénateur Didier Mazenga, qui a essuyé un cuisant échec aux élections avec seulement 3 voix, alors que son parti, le Parti Lumumbiste Unifié (PALU), compte pourtant de nombreux élus dans cette chambre parlementaire.
Les protagonistes de cette vidéo affirment avoir fait le tour des résidences des élus concernés pour recouvrer les fonds indûment perçus. Arthur Laku, député provincial élu d’Idiofa, serait le dernier à ne pas avoir honoré cette dette supposée. Interpellé par ces accusations, l’élu a catégoriquement démenti toute implication dans cette affaire. « L’Excellence Mazenga, en sa qualité de chef du PALU et comme candidat sénateur, ne m’a jamais remis de l’argent pour qu’il soit voté. Parce que le principe du PALU n’est pas l’argent. On reçoit des injonctions. J’ai voté pour lui sincèrement, pour l’honneur de mon parti », a-t-il déclaré, annonçant par ailleurs une action en justice contre ces jeunes qu’il accuse d’avoir perturbé son domicile tard dans la nuit.
La réaction du PALU ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué incendiaire, la cellule de communication du parti a dénoncé une « machination machiavélique, œuvre bien planifiée dans les laboratoires obscurs des ennemis de la République ». Le secrétaire général du parti a tenu à préciser que Didier Mazenga n’était impliqué « ni de loin ni de près dans cette démarche » et qu’il n’avait « jamais donné de l’argent à qui que ce soit ».
Cette affaire n’est malheureusement pas un cas isolé. Quelques jours auparavant, c’est le député provincial Paulin Kiyankay qui était la cible d’une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux. Une photo le montrant en train de manipuler des billets de banque avait été largement partagée, l’accusant d’avoir reçu de l’argent d’un candidat inconnu. L’élu de Kikwit avait alors vivement réagi, dénonçant une manipulation de ses détracteurs politiques visant à entacher sa réputation.
Ces accusations à répétition soulèvent des questions fondamentales sur l’intégrité du processus électoral en RDC. Dans un contexte où la confiance des citoyens envers leurs institutions est déjà fragile, ces allégations de corruption risquent de creuser davantage le fossé entre les élus et la population. La province du Kwilu, déjà marquée par des tensions politiques récurrentes, se retrouve une fois de plus au cœur d’une polémique qui dépasse largement ses frontières.
Alors que les réseaux sociaux continuent de servir de tribune à ces dénonciations anonymes, une question demeure : ces accusations relèvent-elles d’une véritable volonté de transparence ou sont-elles instrumentalisées à des fins politiques ? Dans un pays où le jeu politique est souvent comparé à une partie d’échecs, chaque pièce déplacée peut avoir des répercussions insoupçonnées. Les prochains jours nous diront si cette affaire s’éteindra d’elle-même ou si elle marquera un tournant dans la vie politique du Kwilu.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
