Les consultations politiques orchestrées par le Président Félix Tshisekedi, sous l’égide de son conseiller spécial en sécurité Cashmir Eberande Kolongele, ont officiellement pris fin ce mardi 8 avril après douze jours de marathon diplomatique. Cette vaste opération de dialogue national, lancée le 24 mars à Kinshasa, visait théoriquement à jeter les bases d’un Gouvernement d’union nationale capable de faire face à la crise sécuritaire qui ensanglante l’Est de la RDC.
Pendant près de deux semaines, la majorité présidentielle, certains segments de l’opposition, la société civile, les autorités religieuses et traditionnelles se sont succédé pour apporter leur pierre à l’édifice. La dernière journée a même vu des constitutionnalistes et la famille Lumumba participer à des discussions nocturnes, tous unis par un même appel au patriotisme. Mais derrière cette apparente unanimité se cache une réalité bien plus contrastée.
Le bilan de ces consultations révèle en effet des absences de taille. Joseph Kabila et son FCC, Moïse Katumbi, Martin Fayulu ou encore Delly Sesanga ont brillé par leur absence, réduisant considérablement la portée de ce dialogue censé être inclusif. Ces poids lourds de l’opposition congolaise ont préféré boycotter l’initiative, la qualifiant d’opération de communication destinée à légitimer un pouvoir en perte de vitesse plutôt que de véritable solution à la crise.
La cellule de communication des consultations tente de minimiser ces défections en évoquant des échanges informels qui se poursuivraient. Mais le fait est là : les principaux leaders capables de peser sur l’équilibre politique national ont choisi de rester en dehors du jeu. Une situation qui interroge sur la capacité réelle de ce processus à déboucher sur une solution consensuelle.
Le Président Tshisekedi joue donc un pari risqué. Alors que son équipe s’apprête à analyser les contributions et à lui remettre un rapport détaillé, la question se pose : un gouvernement d’union nationale sans la participation des principales forces d’opposition peut-il vraiment prétendre à une légitimité suffisante pour résoudre la crise ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer l’avenir politique du pays dans les mois à venir.
Entre volonté affichée de dialogue et réalité des rapports de force, les prochaines semaines seront cruciales pour la RDC. Le chef de l’État devra faire preuve d’un sens politique aiguisé pour transformer cette opération de consultation en véritable solution gouvernementale. À défaut, c’est toute la crédibilité du processus qui risque d’être remise en cause, avec des conséquences potentiellement déstabilisatrices pour un pays déjà fragilisé par des années de crise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net